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L'ennemi intime,
       2007, 
 
de : Florent-Emilio  Siri, 
 
  avec : Benoît Magimel Albert Dupontel, Aurélien Recoing, Marc Barbé, Eric Savin, Vinvent Rottiers,
 
Musique : Alexandre Desplat

  
   
Juillet 1959. Il y a déjà cinq ans que le "guerre" d'Algérie a commencé. Ou plutôt, comme il était dit à l'époque, le combat contre les rebelles sauvages du FLN, puisque le terme de guerre n'a été reconnu qu'en 1999. Le lieutenant Terrien (Benoît Magimel) arrive en Kabylie alors que l'un des officiers vient d'être tué par les siens à la suite d'une bavure. Dès le début, Terrien se heurte au sergent Dougnac (Albert Dupontel), qui se montre un adepte des méthodes brutales. L'ordre est reçu de traquer l'un des chefs rebelles, Slimane. Les soldats français investissent le petit village de Taïda, dans lequel Slimane vient régulièrement rançonner les habitants... 
 
   À travers quelques mois de la vie, et surtout de la mort, de quelques uns des deux millions de jeunes appelés rançais, et à travers le regard horrifié du jeune lieutenant idéaliste et humaniste, le film synthétise toute l'horreur et la folie des guerres, quelles qu'elles soient. Il renvoie dos à dos les deux camps dont les exactions barbares finissent par provoquer un engrenage infernal dont personne, même les survivants, ne sort indemne. Il n'y a pas de héros, pas de surhommes, et même ceux qui ont "l'expérience" de la guerre n'évitent pas la plongée dans le désespoir. Evidence, assurément, mais qui a parfois besoin d'être surlignée avec insistance. Le dénouement, que certains critiques ont reproché au réalisateur, semble au contraire une issue logique, cruellement juste, qui évoque, certes sans en atteindre l'intensité poignante, le destin torturé de Nick Chevotarevitch dans "Voyage au bout de l'enfer". Benoît Magimel et Albert Dupontel portent quasiment à eux seuls le film, partagé entre moments de violence et prises de conscience douloureuses. La mise en scène nerveuse, la tonalité sombre et grisâtre des images donnent à l'ensemble une authenticité indéniable. Quant à l'utilité de la démarche historique, elle se passe de commentaires, même si le réalisateur a privilégié une approche "coup de poing" à une vision plus universelle du conflit.
   
Bernard Sellier