Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Enragé,
      (Unhinged),     2020, 
 
de : Derrick  Borte, 
 
  avec : Russell Crowe, Caren Pistorius, Gabriel Bateman, Juliene Joyner, Jimmi Simpson,  
 
Musique : David Buckley

  
   
Rachel (Caren Pistorius) est en plein divorce d'avec Richard. De plus, ce jour-là, elle est très en retard pour amener son fils Kyle (Gabriel Bateman) au collège. Elle klaxonne un gros véhicule qui ne démarre pas au feu vert. Le chauffeur (Russell Crowe) vient de tuer son ex femme et l'amant de celle-ci. Ce n'est pas le moment de le chatouiller...

   Le point de départ est classique. Nous avons tous en souvenir le «Duel» du jeune Steven Spielberg, le «Chute libre» qui voyait Michael Douglas péter les plombs, et, plus récemment le troisième épisode tétanisant des «Nouveaux sauvages». Ici, contrairement à la première oeuvre de Spielberg, dans laquelle le chauffeur routier, constamment invisible, occupait la position d'un archétype presque abstrait, nous entrons d'emblée dans l'horreur pure et la présentation frontale de celui qui est devenu un monstre. Russell Crowe a toujours affiché une prestance imposante, mais dans le cas présent, avec une quarantaine de kilos supplémentaires, il prend l'apparence d'une montagne volcanique d'agressivité haineuse impressionnante et capable d'exploser à chaque seconde. Ce qu'il ne manque d'ailleurs pas de faire, car le scénario ne recule devant aucun excès dans le genre pétage de plombs.

    Il faut reconnaître, qu'à défaut de subtilité, le récit ne manque ni d'énergie ni de rebondissements pour générer un malaise qui vire plus d'une fois à l'angoisse. Le fondement de cette rage est à chercher dans la cruauté d'une société capitaliste sans aucun égard pour l'humain, et dans un système judiciaire qui broie plutôt qu'il ne juge. C'est tout au moins ce qu'exprime «l'enragé» du scénario, mais ce ne sont là que des causes extérieures qui ne sont forcément que le reflet d'un malaise intérieur profond. De toute manière le film ne s'intéresse guère aux sources originelles de la folie meurtrière, mais à celle-ci dans ce qu'elle a de plus graphique et extrême. Les intentions sont plus que limitées, mais, dans leur genre, elles ne manquent pas de réussite dramatique. Dommage que le dénouement très prévisible, outre ses facilités et invraisemblances, ne sorte jamais d'une banalité routinière.
   
Bernard Sellier