Entravias, saison 1, série de David Bermejo, commentaire

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Entrevias,
      Saison 1,     2021,  
 
de : David  Bermejo, 
 
  avec : Jose Coronado, Nona Sobo, Felipe Londoño, Manolo Caro, Laura Ramos, Luis Zahera, Maria Molins, Itziar Atienza,
 
Musique : Víctor Reyes

 Ne pas lire avant d'avoir vu la série

 
Tirso Abantos (Jose Coronado), ancien militaire, tient une quincaillerie. Il est une nuit appelé en urgence par sa petite fille, Irene (Nona Sobo), perdue dans un quartier mal famé. Il découvre qu'elle est en possession d'un paquet de drogue appartenant à l'un des caïds de l'Entrevias, Sandro (Franky Martin). Tirso décide d'empêcher sa fille Jimena (Maria Molins), mère adoptive d'Irene, d'envoyer celle-ci dans une institution suisse. Mais Sandro est bien décidé à récupérer son bien...  
 
 Le premier épisode plonge directement le spectateur dans les quartiers déshumanisés de Madrid, où règne la loi de la jungle et où les petits caïds font régner la terreur. Tirso, excellemment incarné par Jose Coronado, est l'archétype du vieux bougon agressif, ancré dans l'éducation à l'ancienne, doté de réparties cinglantes, orgueilleux, borné, plus têtu qu'un troupeau de mules, raciste sur les bords, qui ne fait jamais dans la dentelle. Sa confrontation avec une ado rebelle d'origine vietnamienne, adoptée, désorientée, et délaissée par ses parents en proie à des problèmes conjugaux, promet évidemment de générer des étincelles.

 Le prologue a le mérite d'installer de manière approfondie les tempéraments des deux principaux protagonistes, laissant pour les épisodes suivants une action que l'on présuppose intense et volcanique lorsque les divers éléments dramatiques auront été posés. Le début de l'épisode 2 laisse augurer un développement à la «Taken», mais, surprise, le récit choisit avec intelligence de privilégier la vraisemblance, le réalisme au spectaculaire. Il faudra donc attendre le milieu de la série pour que la cocotte minute explose. Du moins, c'est ce que l'on espère lorsqu'un tournant se présente dans le drame. Mais en fait, il s'agit d'une fausse alerte, car le récit reprend sa promenade plus ou moins pépère. Le spectateur a donc tout le temps d'observer une galerie de personnalités souvent hautes en couleur (Ezequiel (Luis Zahera), le flic ripou, qui en fait vraiment beaucoup dans une composition déjantée, parfois à la limite du cabotinage, Gladys (Laura Ramos), l'exaltée, Nelson (Felipe Londoño), son fils amoureux, hélas assez limité dans ses expressions de jeu, Sanchis (Manolo Caro), le compagnon de guerre traumatisé, Sandro, le caïd un brin caricatural, Nata (Maria de Nati), la dealeuse ambitieuse...), mais parfois aussi faiblardes (la cheffe de police, Amanda (Itziar Atienza) peu crédible, qui fait surtout de la figuration). Les épisodes sont plus longs qu'à l'ordinaire (70 minutes en moyenne), et le temps paraît un peu s'étirer, d'autant plus que les évolutions psychologiques sont lentes à se mettre en place (dans les sept premières heures, Tirso a quasiment campé sur ses positions rigidifiées sans avancer d'un pouce) et que les péripéties sont marquées par une certaine répétitivité.

 Il y a donc du bon et du moins bon dans cette série qui a le mérite d'ancrer son histoire dans un microcosme très humain et réaliste. Il manque tout de même les flammes dramatiques et émotionnelles qui sont les sceaux des grandes réalisations mémorables. Et surtout un minimum d'action, même si l'on n'attend pas forcément une resucée de «L'inspecteur Harry».   
   
Bernard Sellier