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Eros thérapie,
       2004,  
 
de : Danièle  Dubroux, 
 
  avec : Isabelle Carré, Catherine Frot, François Berléand, Jacques François, Melvil Poupaud, Claire Nebout,
 
Musique : Reno Isaac

 
   
Adam Corbeau (François Berléand) est marié à Agnès (Catherine Frot). Mais il a présentement deux problèmes graves : il a subi un coma de quelques jours à la suite d'une chute de télésiège, ce qui lui procure des moments d'amnésie, et sa femme, qui désire divorcer, vit avec une jeune critique de cinéma, Catherine Hoffmann (Isabelle Carré). Il fait un jour la connaissance de Bruno (Melvil Poupaud), qui travaille chez une dominatrice, Dréanne (Claire Nebout). Ayant été éjecté de son appartement par son amie Isabelle, le jeune homme accepte la proposition d'Adam : occuper l'appartement parisien vacant depuis l'hospitalisation de sa vieille mère. Bruno se met en tête de châtier Catherine... 
 
   Dans la galaxie des comédies françaises qui recyclent souvent les mêmes ingrédients assaisonnés à des sauces qui semblent sorties de la même usine à vinaigrette, celle-ci a au moins le mérite d'une certaine originalité dans le fondement tout comme dans la juxtaposition de composantes rarement mélangées. Vaudeville, comédie romantique, comédie psychologique (enfin, vaguement !), avec quelques incursions dans la farce et le mélodrame (pour de rire !). Le tout saupoudré d'un vernis sado-maso au ras des pâquerettes, bien loin du mystère léger que faisait planer Luis Bunuel dans "Belle de jour".  
 
   Autant dire que l'émulsion de tous ces éléments n'est pas une mince affaire pour le le plat ne soit pas exagérément indigeste et qu'il ne sombre pas dans le grotesque. Grâce à des acteurs, savoureux pour la plupart, la réalisatrice ne se sort pas trop mal de l'aventure. Néanmoins, certains passages frôlent le ridicule, sans y tomber vraiment, et l'intérêt de la trame subit plusieurs baisses de régime. De plus, la sympathie que le spectateur peut porter à ces fantoches a souvent bien de la difficulté à se maintenir, par la faute d'un scénario trop lâche, qui navigue entre plusieurs approches avec une superficialité de papillon. 
 
   Danièle Dubroux ne tombe pas dans le graveleux, le sordide, mais, en revanche, maintient la narration dans une sagesse de bon aloi qui entretient une certaine uniformité monocorde. La surprise est d'ailleurs grande de voir que quelques critiques ont établi un rapport avec le cinéma de Catherine Breillat, tant la relation hommes-femmes et l'aspect sexuel tiennent, ici, d'un modernisme épidermique, sans aucun rapport avec l'approche violente et intense de la réalisatrice de "Romance X". 
 
   François Berléand est toujours magnifique en paumé "serpillière", de même que Catherine Frot, délicieuse, que l'on regrette cependant de voir cantonnée au personnage de nunuche à l'élocution perpétuellement au bord de la crise d'asthme. Isabelle Carré, dans un rôle assez casse-gueule, qui flirte avec la farce, se tire fort bien de l'épreuve. Jacques François, dont c'était malheureusement le dernier rôle, vient faire un petit tour bien nostalgique. Mais l'ensemble laisse davantage le souvenir de quelques fragments scéniques à la fantaisie joviale, que d'une composition structurée et clairement orientée.
   
Bernard Sellier