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Et pour quelques dollars de plus,
    (Per qualche dollaro in più),      1965, 
 
de : Sergio  Leone, 
 
  avec : Clint Eastwood, Lee Van Cleef, Gian Maria Volonte, Klaus Kinski ,Mara Krupp,
 
Musique : Ennio Morricone

  
   
Le Colonel Douglas Mortimer (Lee Van Cleef) est un redoutable chasseur de primes. "Le Manchot" (Clint Eastwood) travaille dans le même créneau, et n'est pas moins efficace. Ils se retrouvent un jour, concurrents, pour s'emparer d'un chef de gang fort dangereux, "l'Indien" (Gian Maria Volonte). Mais celui-ci possède nombre de pistoleros, et l'affaire présente plus de difficultés que les précédentes. Une association est donc envisagée. Il est décidé que "le Manchot" s'infiltrera dans la bande, qui prépare l'attaque de la Banque d'El Paso. Afin de se faire accepter sans problème, il fait évader de prison l'un des amis de l'Indien, Sancho Perez (Panos Papadopulos)... 
 
   Dès les premières images, le monde narratif et cinématographique cher Sergio Leone éclate : flegmatisme outrancier des têtes d'affiche, trognes remarquables, théâtralité des situations, personnages hautement pittoresques (le "Prophète"), osmose exceptionnelle entre images et musique... Toutes les qualités, qui atteindront une sorte d'accomplissement dans "Le bon, la brute, le truand" et, surtout, dans "Il était une fois dans l'Ouest", sont déjà présentes en germe. L'histoire elle-même conserve des stigmates du thème simpliste de "Pour une poignée de dollars", tout en composant le canevas de la future vengeance de Charles Bronson. Le thème de la punition inexorable, du poids douloureux des drames passés, s'amorce ici pour atteindre plus tard, dans le châtiment d'Henry Fonda, une dimension quasi opératique. Cette aventure pourrait donc passer pour un brouillon de ce qui sera le chef-d'oeuvre westernien du réalisateur. Mais quel brouillon ! Habité intensément par les trois figures hautes en couleurs de Mortimer, du Manchot (quel charisme !), et de l'Indien, parsemé de scènes d'anthologie (la première confrontation des deux chasseurs de primes), saupoudré d'un humour froid délectable, l'ensemble, même s'il n'atteint pas le génie des deux oeuvres suivantes, est toujours aussi captivant, quarante ans après sa sortie !
   
Bernard Sellier