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L'été en pente douce,
       1987, 
 
de : Gérard  Krawczyk, 
 
  avec : Jean-Pierre Bacri, Jacques Villeret, Pauline Lafont, Jean Bouise, Guy Marchand, Claude Chabrol,
 
Musique : Roland Vincent


   
Stéphane Leheurt, dit "Fane" (Jean-Pierre Bacri) part avec Lilas (Pauline Lafont), que son voisin d'appartement lui a cédée, pour le village où sa mère vient de mourir. Il retrouve là son frère Maurice, "Mo" (Jacques Villeret), débile léger à la suite de l'explosion d'une grenade avec laquelle il jouait, enfant. Fane reprend possession de la vieille maison familiale, coincée entre deux bâtiments du garage tenu par les frères Voke, Olivier (Jean Bouise) et André (Guy Marchand). Ces derniers voudraient que Fane leur vende la demeure, mais celui-ci s'y refuse totalement. Les voisins commencent à jaser... 
 
   Treize ans avant d'avoir obtenu le permis Bessonien de piloter des taxis-bolides survitaminés, Gérard Krawczyk se contentait de promener Jean-Pierre Bacri dans une antique Ami 6 pourrie. Les temps étaient durs... Pourtant, même sans vrrroouuum vrrroouuum, ce film beaucoup diffusé à la télévision ne manque pas d'un charme certain, contrairement aux affligeants "Taxi 2" et "Taxi 3". Mais "l'été en pente douce" ne boxe bien sûr pas dans la même catégorie ! Pas d'action, pas de délire pseudo-humoristique, pas de psychologie profonde, ce serait d'ailleurs difficile étant donné le niveau général des personnages !, pas de grandes phrases littéraires. Seulement un constat simple et triste de la bêtise humaine dans ce qu'elle a de plus sournois et destructeur. Des êtres stupides, bornés, machos, vulgaires, ruminant leur connerie comme une herbe délicieusement nourrissante. Au milieu de ce cloaque dans lequel la rumeur et la calomnie tiennent lieu de conversation inspirée, émergent Fane, Lilas et bien sûr Mo. Non que le personnage incarné par un Jean-Pierre Bacri, toujours magistral dans son pessimisme violent, soit vraiment différent de ceux qui l'agressent. La philosophie de sa communication se résume à ces simples mots : "s'il m'emmerde, j'le débranche" ! Simplement émerge au milieu de sa colère bouillonnante une lueur d'intelligence qui lui fait comprendre qu'un autre monde peut exister. Pauline Lafont, décédée l'année suivante à 25 ans, que l'on ne revoit jamais sans une émotion profonde, est le catalyseur érotique et lunaire qui va provoquer l'explosion finale. Quant au "Mo" de Jacques Villeret, il est d'une humanité touchante et fragile et sa découverte de la façon de "faire la nature" reste longtemps gravée dans notre mémoire. 
 
   Une oeuvre dont la mélancolie touchante est la principale qualité.
   
Bernard Sellier