Faute de preuves, film de Simon Moore, commentaire

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Faute de preuves,
      (Under suspicion),      1992, 
 
de : Simon  Moore, 
 
  avec : Liam Neeson, Laura San Giacomo, Kenneth Cranham, Alan Talbot, Alphonsia Emmanuel,  
 
Musique : Christopher Gunning

   
 
1957, en Angleterre. Tony Aaron est policier. Chargé avec son collègue Frank (Kenneth Cranham) de la surveillance d'un couple de truands, il devient l'amant de la femme, Hazel (Maggie O'Neill) et provoque la mort d'un policier, tué par le mari, revenu impromptu. Deux ans plus tard, radié de la police, devenu un détective endetté, il organise de faux flagrant-délits d'adultère grâce à Hazel devenue sa femme. Un jour, alors qu'il s'apprête à photographier le faux couple, il les retrouve tous deux assassinés. Or le mort est un célèbre peintre, Stazio (Michael Almaz). Sa femme, Selina (Alphonsia Emmanuel) et sa maîtresse, la belle Angeline (Laura San Giacomo) assistent aux funérailles. L'enquête, dirigée par Frank, commence. Bientôt, les charges commencent à s'accumuler contre Tony. C'est le début d'une lente descente aux enfers... 
 
 Ah, si tous les thrillers possédaient un scénario aussi passionnant et riche que celui de «Sens unique» de Roger Donaldson, ou celui-ci... Que de moments forts en perspective pour le spectateur ! A supposer que son coeur y résiste. Même si le final, comme il se doit, est bouleversant et laisse pantois, les multiples visions de ce film n'affaiblissent en rien son impact, grâce à la richesse du drame, à l'étude psychologique des personnages et à l'aura que Liam Neeson imprime sur ce détective paumé, culpabilisé, à la complexité intérieure beaucoup plus grande qu'il ne paraît au premier abord.  
 
 Loin des rebondissements à la mitrailleuse qui inondent, par exemple, le par ailleurs sympathique «Cursus fatal» de Dan Rosen, tout ici avance avec intelligence, mesure, logique, tout en n'excluant, à aucun moment, les émotions violentes et l'angoisse profonde. Aucun personnage n'est superflu. Quasiment aucune scène n'est inutile. C'est dense, éprouvant et diaboliquement vénéneux. Et comment oublier la rencontre finale d'Angeline et de Tony, et le visage émouvant de cette amante forte et frêle, alter ego féminin du détective. Sans parler, bien évidemment, de l'épilogue, qui laisse un goût pour le moins amer... 
 
 Remarquablement efficace.
   
Bernard Sellier