La fille de Monaco, film de Anne Fontaine, commentaire

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La fille de Monaco,
       2007, 
 
de : Anne  Fontaine, 
 
  avec : Fabrice Luchini, Louise Bourgoin, Roschdy Zem, Stéphane Audran, Gilles Cohen, Alexandre Steiger,
 
Musique : Philippe Rombi


   
Bertrand Beauvois (Fabrice Luchini) arrive à Monaco où il doit assurer la défense d'Edith Lassalle (Stéphane Audran), accusée du meurtre de son amant russe. Peu après son arrivée, il fait la connaissance d'une jeune présentatrice de la météo à la télévision, la pétulante Audrey Varella (Louise Bourgoin). Il tombe sous le charme de la charmeuse blonde, ce qui n'est pas du tout du goût de Christophe Abadi (Roschdy Zem), le garde du corps imposé par le fils de l'accusée, Louis Lassalle (Gilles Coen). D'autant plus que Christophe a été, deux ans plus tôt, l'un des nombreux amants d'Audrey... 
 
   Anne Fontaine est manifestement attirée par l'étude des impacts que produisent des personnages atypiques, marginaux, sur des individus que l'on pourrait qualifier de rangés, voire d'ordinaires. Dans "Nettoyage à sec", un troublant travesti semait la zizanie dans le couple tranquille de Miou Miou. Dans "Entre ses mains", un inquiétant vétérinaire, Laurent Kessler, apportait le trouble dans la vie et l'esprit de la tranquille Claire Gauthier. Ici, c'est une sympathique vampiresse, extravertie primaire, totalement étrangère aux termes "mesure", "pudeur", "réserve", qui bouleverse de fond en comble l'assurance factice et professionnelle d'un Bertrand Beauvois incapable de discerner sa route au milieu de la tempête émotionnelle qui l'assaille. Connaissant la voracité gourmande avec laquelle Fabrice Luchini peut s'emparer d'un tel rôle et le phagocyter sans ménagements pour ceux qui l'entourent, on ne peut qu'être agréablement surpris par la mesure dont il fait preuve tout au long de ce qui ressemble davantage à une fable qu'à une réelle tragédie. En effet, l'envoûtement soudain de cet homme blindé par la longue pratique du barreau, et surtout un dénouement aussi abrupt que douteux, paraissent tout de même bien improbables, même provoqués par ce petit volcan en éruption permanente qu'incarne avec fougue et enthousiasme la délicieuse Louise Bourgoin. En fin de compte, c'est le personnage ambigu, tourmenté et quasiment mutique de Christophe qui apporte à l'ensemble de l'histoire une tenue, une mesure et une vraisemblance capables de détourner l'attention du spectateur de ficelles un peu grosses, pour la faire se polariser sur un questionnement éternellement actuel : attirance et rejet sont-ils si éloignés que cela l'un de l'autre ?
   
Bernard Sellier