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Frankenstein,
     1994, 
 
de : Kenneth  Branagh, 
 
  avec : Robert de Niro, Tom Hulce, Kenneth Branagh, Helena Bonham Carter, Aidan Quinn, Ian Holm, John Cleese,
 
Musique : Patrick Doyle

  
   
1794. Robert Walton (Aidan Quinn), explorateur, est prisonnier des glaces du pôle nord. Il découvre un jour un homme à bout de forces. Il s'agit de Victor Frankenstein (Kenneth Branagh). Vingt ans plus tôt, à Genève, Victor est le fils d'un brillant médecin. Sa famille recueille Elisabeth (Helena Bonham Carter) dont les parents viennent de mourir. En 1793, Victor, qui se destine à la médecine, est traumatisé par la mort en couches de sa mère. Il se rend à Ingolstadt afin de poursuivre ses études et fait la connaissance d'un étrange professeur, Waldeman (John Cleese) qui avait commencé quelques années auparavant des travaux sur la reconstitution de la vie, mais les avait interrompus, effrayé par ce qui en émanait. Après la mort du savant, Victor décide de reprendre ses travaux. Désormais, sa vie n'a plus qu'un but : créer la vie... 
 
   Ce grand classique de la littérature fantastique, écrit au début du dix-huitième siècle par Mary, la toute jeune femme du poète Shelley, a été maintes fois adapté au cinéma. La version la plus mythique demeurant celle de James Whale, en 1931, avec la présence de Boris Karloff dans le personnage de la "Créature". Kenneth Branagh livre son adaptation dans laquelle nous avons la surprise de découvrir en "monstre" un Robert de Niro méconnaissable. Il constitue d'ailleurs le principal attrait de cette oeuvre crépusculaire qui fait la part (trop) belle aux divers préparatifs et manipulations de l'apprenti sorcier qu'est Frankenstein. Toute la première moitié du film est consacrée à cette mise en chantier psychologique et matérielle de la création. Et le temps paraît tout de même bien long, sans compter que la vraisemblance ne peut être au rendez-vous.  
 
   L'intérêt primordial de l'histoire tient évidemment à l'analogie de cette aventure individuelle avec celle de la création divine de l'homme. A ce titre, la seconde moitié réserve quelques instants (rares) d'émotion, qui naissent de ce désespoir vécu par la créature, rejetée par l'auteur de ses jours ainsi que par les humains qu'elle côtoie. Porteuse de sentiments et d'émotions exacerbées, elle oscille entre amour passion et haine féroce, symbole charnel de la lutte immémoriale du bien et du mal. 
 
   L'ensemble demeure tout de même lourd, noyé dans une pénombre permanente, et, malgré la performance remarquable et sobre de Robert de Niro, pas vraiment enthousiasmante. Très belle musique, (comme bien souvent !), de Patrick Doyle qui a donné, dans ses collaborations avec Kenneth Branagh réalisateur, quelques merveilles, telles "Beaucoup de bruit pour rien" ou, surtout, "Henri V".
   
Bernard Sellier