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La fureur du dragon,
      (The way of the Dragon),      1972, 
 
de : Bruce  Lee, 
 
  avec : Bruce Lee, Nora Miao, Robert Wall, Chuck Norris,  
 
Musique : Joseph Woo

   
   
Tang Lung (Bruce Lee) débarque à Rome avec pour tout bagage un petit balluchon, afin de venir en aide à la jolie Chen Ching Hua (Nora Miao), qui vient d'hériter d'un restaurant asiatique et se voit menacée par un truand qui veut l'obliger à vendre. Comme les clients se font rares, éjectés manu militari par les sbires du méchant, les cuisiniers et serveurs s'entraînent au karaté. Mais l'efficacité n'est pas vraiment au rendez-vous ! Heureusement, Tang Lung va remettre un peu d'ordre dans toute cette confusion... 
 
   Il est bien difficile d'attribuer une note à ce film. S'il était joué par un obscur acteur oriental, il ne mériterait pas plus de deux étoiles. Un sujet des plus simplistes, des personnages ingénus, pour ne pas dire niais, qui ne sont là que pour introduire un humour... basique, un héros qui ne tranche pas vraiment sur la médiocrité du lot, obsédé par Hong-Kong, et dont les commentaires sarcastiques sur l'architecture romaine sont à prendre au quatrième degré (il verrait bien des buildings à la place des jardins de la Villa d'Este...)... Sans chercher très loin, le scénario de "Opération Dragon", qui paraîtra l'année suivante, est un modèle (relatif !) de richesse, tant dans son esthétique que dans son invention narrative. Ici, exception faite du dernier combat, intense et extrême, contre l'authentique champion de karate, Chuck Norris, dans le décor magique du Colisée, l'ensemble respire surtout la farce et n'effleure jamais la cruauté quasi sadique qui parsemait le film de Robert Clouse.  
 
   Mais, évidemment, il y a Bruce Lee, ce phénomène dont la seule présence, le simple regard, métamorphosent instantanément une scène burlesque en un choc énergétique majeur. Lorsque l'adversaire est là, il n'est pas un combattant dont l'ego désire s'imposer, terrasser l'autre, il est une manifestation pure de la force universelle, qui concentre son essence le temps d'un éclair, dans un corps humain. Même si l'on sait, intellectuellement, qu'il y a trucages, ceux-ci sont totalement oubliés, tant cet être frêle parvient à devenir totalement, à nos yeux, ce qu'il veut incarner. En face de lui, les protagonistes ont évidemment fort à faire pour exister. Une mention, tout de même, au personnage de Monsieur Ho (Paul Wei Ping-Ao), étonnant androgyne, roi de l'hypocrisie et confit en simagrées, qui apporte une petite note originale bienvenue.
   
Bernard Sellier