Gotham, Saison 1, série de Bruno Heller, commentaire

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Gotham,
      Saison 1,      2014 
 
de : Bruno  Heller, Danny  Cannon..., 
 
avec : Ben McKenzie, Donal Logue, David Mazouz, Sean Pertwee, Robin Lord Taylor, Cory Michael Smith, Erin Richards,
 
Musique :  David E. Russo, Graeme Revell


 
Saison 2

 
Le jeune Bruce Wayne (David Mazouz), né à Gotham city dans une famille de milliardaires, voit ses parents assassinés un soir par un voleur, au sortir d'un cinéma. Un flic récemment muté, James Gordon (Ben McKenzie), promet au garçonnet de découvrir le meurtrier. Mais l'enquête est plus que difficile, car la police de la ville et les politiciens sont dans leur immense majorité corrompus. Carmine Falcone (John Doman) règne sur la pègre. Cependant, certains de ses subordonnés, en particulier la sauvage Fish Mooney (Jada Pinkett Smith), rêvent de prendre sa place... 
 
 L'entrée en matière se fait brutale et rapide. Gotham représente la quintessence du désordre, du crime, et de la corruption. Le spectateur va donc voir défiler un éventail de crapules de tous acabits, de flics véreux, de politiciens encore plus véreux, de mafieux qui rêvent de faire table rase de leurs adversaires, de règlements de compte sanglants, de meurtres barbares, bref, du très classique qui répond aux exigences de toutes les BD fondées sur les super héros. Pourtant, dès les premières minutes, une impression vivace s'impose : nous sommes en présence d'une création majeure. Pourquoi cette sensation ? C'est difficile à dire au premier abord. Puis, au fur et à mesure que se développe l'intrigue, que les relations entre protagonistes se densifient, que l'on plonge dans le cœur pestilentiel de la cité et de ses pseudo élites, l'évidence que nous sommes en face d'une œuvre profonde, intense, captivante au plus haut point, perdure. Les atmosphères, qui oscillent entre les quartiers pouilleux et les salons bourgeois, imposent d'emblée leur couleur, leur authenticité, leur magnétisme. Les personnalités, qu'elles soient noires, grises, ou presque blanches, sont dessinées avec une gourmandise exaltée, sculptées par un scalpel d'une précision diabolique. Il n'y a pas de figures, même secondaires (Gertrude la mère du "Pingouin", Le boucher, Renée Montoya, Victor Zsasz, Alfred le majordome...), qui n'imposent, dès leur apparition, leur physique, leur style, leur originalité, leur marque distinctive. Quant au casting, de Ben McKenzie (Jim) à Robin Lord Taylor (Le Pingouin), en passant par Donal Logue (Harvey), Sean Pertwee, ou encore David Zayas (Sal Maroni), il est de toute première grandeur. 
 
 Dès les trois ou quatre premiers épisodes, le spectateur a déjà l'impression que la future Catwoman, Jim Gordon le flic intègre, la rouée Fish Mooney, Sal Maroni, Oswald Cobblepot, le "Pingouin", Harvey Bullock, le maire pourri, jusqu'au goguenard technicien de la police, Edward Nygma, sans oublier, bien sûr, le fragile Bruce Wayne, font désormais partie intégrante de notre imaginaire. Leurs figures, leurs tempéraments, leurs tics, sont immédiatement gravés dans un marbre mémorable. Pour synthétiser, disons que les scénaristes ont judicieusement écarté tous les travers des BD (simplifications à l'extrême, primarité des situations, personnages caricaturaux, excès en tous genres...), tout en optimisant au maximum la dramaturgie des intrigues et un approfondissement parfois jouissif des personnages. 
 
 Une exceptionnelle réussite, d'une inventivité permanente, d'une densité rare, qui mêle avec maestria tragédie, humour, noirceur, mélancolie, panache, dans une épopée aussi riche que brillante et envoûtante.
   
Bernard Sellier