Le goût des merveilles, film de Eric Besnard, commentaire

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Le goût des merveilles,
        2015, 
 
de : Eric  Besnard, 
 
  avec : Virginie Efira, Benjamin Lavernhe, Lucie Fagedet, Léo Lorléac'h, Hervé Pierre, Hiam Abbass, Laurent Bateau,
 
Musique : Christophe Julien

   
   
À la suite du décès accidentel de son mari, Louise Legrand (Virginie Efira) a repris la petite exploitation agricole, mais les résultats financiers sont insuffisants. Un jour, sa voiture percute un piéton, Pierre. Celui-ci n'est que très légèrement blessé. Elle le soigne et découvre rapidement qu'il n'a pas un comportement "normal". Elle l'héberge pendant quelques jours... 
 
   Il est à la fois amusant et surprenant de visionner, à 24 heures d'intervalle, la dernière création de Claude Lelouch ("Un + Une") et le film d'Eric Besnard. Les deux œuvres possèdent un pitch de départ quasiment semblable : un homme et une femme, aux tempéraments très dissemblables, a priori peu compatibles, s'apprivoisent et se rapprochent émotionnellement. En revanche, difficile de trouver personnalités plus opposées que celles des deux protagonistes masculins. L'Antoine Abeilard de Jean Dujardin est un concentré de frivolité, de paillettes, de faux-semblants, de logorrhée chronique, et de jouissance égoïste. Le Pierre de Benjamin Lavernhe est un escargot recroquevillé dans sa coquille, à la limite de l'insociabilité, jetant quelques vérités comme des balles de pistolet, et exprimant son intérêt pour une personne en la pinçant ! Cela dit, les deux œuvres se rejoignent dans leur esprit de contes. Celui de Lelouch est une fable pétillante, excessive, hypercolorée, façon mousseux ou champagne selon l'affinité que l'on ressent envers le style du réalisateur. Celui d'Eric Besnard est une fable minimaliste, poétique, intimiste, dans laquelle les arbres sont éternellement couverts de fleurs. Dans son incarnation de Pierre, atteint du syndrome d'Asperger, Benjamin Lavernhe se révèle aussi sobre que touchant. Dommage que l'expressivité de Virginie Efira, visuellement solaire, soit aussi restreinte. Le rapprochement de ces deux êtres, hautement prévisible, ne manque pas d'un charme émouvant. Mais, si la lumière provençale est constamment présente, accompagnant une lumière intérieure qui réchauffe les cœurs, les limites de l'entreprise sont également voyantes. Les ficelles sont très grosses, même si elles ont le bon goût de rester simples et bucoliques. Enfin, la musique "remplissage" qui inonde certaines scènes se montre à la longue agaçante. 
 
   Une romance sympathique, chaleureuse, optimiste, voire drôle parfois, mais dont la légèreté diaphane modère l'impact émotionnel. 
 
   P.S. Le cinéma "Star", salle emblématique de Cannes, ferme ses portes définitivement le mardi 5 janvier 2016. De gros travaux donneront naissance, dans un futur indéterminé, à de nouvelles salles plus modernes...
   
Bernard Sellier