Le grand bain, film de Gilles Lellouche, commentaire

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Le grand bain,
       2018, 
 
de : Gilles  Lellouche, 
 
avec : Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde, Virginie Efira, Jean-Hugues Anglade, Leïla Bekhti, Marina Foïs, 
 
Musique : Jon Brion


 
Ne pas lire avant d'avoir vu le film...

   Bertrand (Mathieu Amalric) est dépressif et sa femme Claire (Marina Foïs) en souffre. La société de Marcus (Benoît Poelvoorde) est au bord du dépôt de bilan. Simon (Jean-Hugues Anglade) se rêve chanteur à succès mais vivote dans son camping car. Avec quelques autres, ils se retrouve périodiquement à la piscine. Naît un jour dans le groupe l'idée de participer aux championnats du monde de natation synchronisée...
 
   Cette histoire improbable est construite sur une recette aussi artificielle que douteuse : prendre un panel de losers, de cas pathologiques en tous genres, et les hisser, par la puissance de la volonté, du courage, et surtout de l'imagination de trois scénaristes, dont le réalisateur, à un niveau sportif inimaginable. Et le choix des participants à ce «Full monty» aquatique est plus que gratiné. On dirait que les fonds de tiroirs ont été grattés pour dégotter les plus paumés et atteints possibles. De Laurent (Guillaume Canet), écrasé par une mère psychotique qui passe en quelques secondes de l'amour tendre aux insultes obscènes, à Thierry (Philippe Katerine), sympathique mais simplet, en passant par l'entraîneuse en fauteuil roulant Amanda (Leïla Bekhti), qui se prend pour le gueulard sergent Foley d'«Officier et gentleman», le spectateur a droit à toutes les caricatures possibles. Le récit ne se prive pas d'ailleurs d'empiler les noirceurs et les saynètes chorégraphiques dépressives afin d'établir un contraste saisissant avec les miracles qui suivent l'obtention de la médaille d'or. Simon, le père paumé, récupère l'affection de sa fille, Bertrand se retrouve avec une Claire follement amoureuse de lui, bref, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Malgré quelques caractères (Thierry, Delphine) et moments intimes touchants, les sabots narratifs sont tellement gros que ce conte a priori sympathique sombre rapidement dans une mélasse difficile à digérer. Heureusement que Virginie Efira apporte un peu de lumière spontanée à cette construction rocambolesque. Quant aux personnages de Basile (Alban Ivanov) et d'Avanish (Balasingham Thamilchelvan), leur rôle est quasiment réduit à zéro... 

   
Bernard Sellier