Le grand Silence, film de Sergio Corbucci, commentaire

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Le grand silence,
      (Il grande silenzio),      1968, 
 
de : Sergio  Corbucci, 
 
  avec : Jean-Louis Trintignant, Klaus Kinski, Frank Wolff, Luigi Pistilli, Carlo d'Angelo, Mario Brega, Vonetta McGee,
 
Musique : Ennio Morricone

  
   
Nous sommes à la fin du dix-neuvième siècle aux Etats-Unis. Un groupe de malheureux, classifiés comme bandits", mais en réalité victimes, pour la plupart, d'un usurier criminel de Snow Hill, Pollicut (Luigi Pistilli), est persécuté par des Chasseurs de primes, dont le plus redoutable est Tigrero (Klaus Kinski). Le fait que le Gouverneur de l'Utah ait annoncé une amnistie générale, ne change rien à la détermination des mercenaires. Un homme s'oppose pourtant à eux. Il est muet et un surnom lui a été donné : Silence (Jean-Louis Trintignant). La veuve de James Middleton, qui vient d'être abattu, Pauline (Vonetta McGee), offre à Silence mille dollars pour qu'il exécute le meurtrier de son époux... 
 
   L'année qui voit éclore l'un des chefs-d'œuvre du "western" ("Il était une fois dans l'ouest"), est aussi celle où sort sur les écrans ce film atypique, devenu presque culte, avec juste raison, d'ailleurs ! S'il n'a pas l'aura exceptionnelle de celui de Sergio Leone, il n'en cumule pas moins des qualités hors du commun. Un sujet historique, tout d'abord, puisque cette tragédie signera quelques années plus tard, la fin des chasseurs de primes et de leurs exactions. Le décor, ensuite. Loin des plaines écrasées de soleil et des chevauchées haletantes, les personnages évoluent ici péniblement, dans un décor immaculé, qui tranche radicalement avec le sang qui coule à flots. Les armes et les doigts gèlent, les chevaux se débattent dans une neige qui leur arrive au poitrail. Autre surprise, et non des moindres : la présence de Jean-Louis Trintignant, que l'on n'attendait pas vraiment dans ce type de rôle, qui plus est, muet ! Si la composition de Klaus Kinski est plus classique, dans un rôle de sadique qui lui convient comme un gant, il n'en demeure pas moins qu'il imprime une marque profonde à son personnage, grâce à une voix à la douceur quasiment efféminée et à une fausse obséquiosité glaçante. Enfin, le dénouement, sauvage et sombre, laisse une saveur amère et désespérée, qui ne sacrifie aucunement au traditionnel happy end. Sans oublier la musique d'Ennio Morricone, moins inspirée certes que dans les œuvres de Sergio Leone, mais cependant fort belle (encore que ponctuellement un peu envahissante !). 
 
   Une réussite incontestable et profondément originale.
   
Bernard Sellier