The guilty, film de Gustav Möller, commentaire

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The guilty,
     (Den skyldige),     2018, 
 
de : Gustav  Möller, 
 
  avec : Jakob Cedergren, Morten Thunbo, Jessica Dinnage (voice), Johan Gotthardt Olsen (voice),  
 
Musique : Caspar Hesselager, Carl Coleman


   
Dans l'attente de son procès, le policier Asger Holm (Jakob Cedergren) a été muté au standard du service de secours danois. Il reçoit un soir l'appel d'une jeune femme paniquée, Iben (Jessica Dinnage), qui semble avoir été kidnappée et transportée dans un véhicule. Asger contacte la police des autoroutes et tente d'avoir des informations plus précises pour aiguiller les policiers...   
 
   Il s'agit de l'œuvre originale, écrite et réalisée par Peter Möller, dont c'était le premier long métrage, qui a directement inspiré le remake éponyme tourné trois ans plus tard par Antoine Fuqua pour Netflix. Nos souvenirs du film qui avait pour vedette l'excellent Jake Gyllenhaal sont un peu flous, mais nous avions été impressionnés par l'incarnation que donnait l'acteur de ce policier traumatisé à la fois par son drame personnel et par celui qu'il suit en temps réel au bout du fil. Mais lorsqu'on visualise l'original, une question simple vient immédiatement à l'esprit. Qu'est-ce qui a pu pousser des producteurs et un réalisateur de renom à dupliquer dans sa quasi totalité une création dont les qualités narratives et dramatiques affichent un niveau de qualité aussi impressionnant ? Le spectateur ne quitte pas une seconde la pièce dans laquelle les policiers reçoivent les appels de détresse, et l'action se déroule en temps réel. Sur le plan purement cinématographique, la limitation est immense. Mais sur les plans émotionnels et humains, la réussite tient du miracle, grâce à l'incarnation toute en retenue de Jakob Cedergren, mais également grâce au réalisme aussi minimaliste que sincère qui enveloppe ces quatre-vingts minutes de tension extrême. Pas un plan de la tragédie intime n'est présent à l'écran, et pourtant celle-ci se montre presque plus terrifiante dans son absence de visuel que si le spectateur assistait aux évènements. Les sons jouent un rôle évocateur capital, offrant à l'auditeur une palette d'interprétation vague et angoissante. Au fil des minutes, des échanges coupés de manière abrupte, se dessinent deux personnalités dont les destins vont converger vers une prise de conscience mutuelle, discrètement bouleversante, de leur vécu. La maîtrise dans l'approche psychologique est pondérée, subtile et d'une sobriété glaçante. Du très grand art, d'autant plus qu'il s'agit d'une première œuvre.
   
Bernard Sellier