The head, Saison 2, série de Alex Pastor, commentaire

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The head,
      Saison 2,      2021 
 
de : David & Àlex  Pastor, 
 
avec : John Lynch, Nora Rios, Olivia Morris, Hovik Keuchkerian, Thierry Godard,
 
Musique : Federico Jusid


 
Saison 1

 
Ne pas lire avant d'avoir vu la saison

 
Maggie Mitchell (Katharine O'Donnelly), en réalité Olivia, fille de Sarah Jackson qui avait été tuée sur la base Polaris 5, a convaincu Johan Berg (Alexandre Willaume) et la police, qu'Arthur (John Lynch) était le meurtrier qui avait décimé la base Polaris 6. Alors que le procès est en cours, Arthur disparaît. Neuf mois plus tard, il est en compagnie de sa fille, Rachel (Olivia Morris), et de son équipe, sur un navire qui croise au Point Nemo, non loin du Pôle sud. L'un des participants, Ludwig Kowalski (Michael S. Ruscheinsky) est retrouvé dans sa cabine, la tête tranchée...
 
 Il suffit d'une petite demi-heure pour constater que l'aventure se présente, sur le plan évènementiel, comme une décalcomanie de la saison 1. Un espace confiné, un tueur qui rôde, les soupçons qui se portent sur tous les membres de la mission et même de l'équipage, divers pseudo coupables dont l'immobilisation n'empêche pas le sang de couler à nouveau... Les scénaristes n'ont pas fait de gros efforts pour renouveler la trame du récit. Ce qui apparaît cependant incontestable, au bout de ces six épisodes, c'est que l'intensité dramatique déployée ici est décuplée par rapport à celle qui s'affichait dans la saison précédente. Il y a plusieurs raisons à cela. La présence de la fille d'Arthur est évidemment un atout majeur, puisqu'il permet d'humaniser, si l'on peut dire, ce savant fou qui se rêve détenteur de pouvoirs divins. Autour de ce duo père-fille, gravitent un certain nombre de personnages qui dévoilent très progressivement leurs caractères et leurs étrangetés. Contrairement à la saison 1 qui se déroulait dans un quasi huis-clos, un certain nombre de scènes sortent ici l'intrigue du volume clos de ce cargo, puisque le spectateur se voit d'emblée déconcerté par le fait que le coupable ne peut être Maggie, puisqu'elle passe son temps à chercher où a bien pu disparaître sa cible. On comprend assez vite que les racines du carnage annoncé ne seront pas à chercher dans une suite vengeresse, mais dans un problème avec la découverte d'Arthur. Le dénouement ne manque pas lui non plus d'une violence intime assez stupéfiante. Tout semblerait donc positif dans une seconde saison qui élève le niveau sur plusieurs plans. MAIS... À force de vouloir charger la dramaturgie, avec tous les ressorts possibles, un grand risque apparaît. Celui de tomber dans les écueils qui guettent ce genre de thriller horrifique, à savoir les invraisemblances. Et celles-ci ne manquent pas. On sait dès le début qu'il y a un meurtrier à bord, mais chaque membre se promène tranquillement en solitaire, et va même jusqu'à se confier à n'importe qui, pourtant susceptible d'être le tueur. Il est aussi possible de se questionner sur la présence à bord de Charlie (Hovik Keuchkerian), dont le moins qu'on puisse dire est qu'il est plus qu'instable. Mais admettons. Un autre exemple flagrant ? Charlie vient d'agresser Alec Kurtz (Moe Dunford), et il est en train d'étrangler Rachel, la maîtresse d'Alec. Celui-ci récupère son pistolet. Que pensez-vous qu'il va faire ? Ce que chacun aurait fait, mettre une balle dans la tête de l'agresseur. Eh bien, pas du tout, il se contente de le blesser superficiellement à la jambe, ce qui a autant d'effet sur le colosse qu'une piqure de seringue sur une fesse d'éléphant. Bien entendu, le pauvre Charlie, totalement disjoncté, va poursuivre tranquillement sa mission destructrice. Oscar (Enrique Arce), frère de Charlie, a la preuve qu'Amy (Josefin Neldén) est en contact de façon illégale avec un pays étranger, et pourtant il lui laisse vingt-quatre heures avant d'avertir Alec. Enfin, notons que l'excellent Thierry Godard, en l'occurrence nettement sous-employé, semble se demander parfois ce qu'il est venu faire dans cette galère. 

 La question primordiale est donc de savoir si ces incongruités handicapent de manière importante la dramaturgie globale. Chacun répondra suivant ses aspirations. Pourtant, même si l'on ne peut que regretter ces facilités, il est indéniable que l'intrigue qui nous est proposée est d'une puissance dramatique majeure.
   
Bernard Sellier