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Hierro,
      Saison 1,        2019, 
 
de : Pepe  Coira..., 
 
  avec : Candela Peña, Dario Grandinetti, Juan Carlos Vellido, Kimberley Tell, Luifer Rodriguez, Yaiza Guimaré,
 
Musique : Xavi Font, Elba Fernandez


   
Ne pas lire avant d'avoir vu la série

   
La Juge Candela Montes (Candela Peña) arrive sur l'île d'Hierro,aux Canaries, alors qu'on vient de retrouver le cadavre de Francisco, un jeune qui était sur le point d'épouser Pilar (Kimberley Tell), fille du riche exploitant de bananes, Antonio Diaz (Dario Grandinetti). Celui-ci fait figure de principal suspect, car il détestait Fran qui était son employé... 
 
   L'ouverture de l'histoire se fait de manière très classique, avec tout de même une certaine inquiétude, car l'héroïne principale, "Madame la Juge" arbore vraiment une tête à claques. On peut légitimement se demander s'il sera possible de la supporter jusqu'au bout des huit épisodes. Bien sûr, apparaît assez rapidement la raison de la tête de trois pieds de long qu'elle arbore en permanence. Il lui arrive même d'afficher une esquisse de sourire à quelques reprises. Bref, passons sur ce point. L'intrigue en elle-même n'a rien d'original, avec son cadavre, les enquêtes sur les différents suspects, les magouilles auxquelles se livrent nombre de personnages. En revanche, la singularité du projet repose sur le lieu dans lequel se déroule le drame, à savoir la minuscule île d'Hierro, sur laquelle tout le monde vit en circuit fermé et se connaît. Au terme des deux premiers épisodes, rien de transcendant ne semble caractériser cette série. 
 
   Mais, au fur et à mesure que les épisodes suivants déroulent leurs événements, la donne évolue dans un sens de plus en plus positif. Les personnalités s'étoffent, les drames intimes se construisent dans un réalisme constant, l'atmosphère de cette petite île isolée du monde se densifie, la narration se montre de plus en plus palpitante, et le suspense, très habilement ménagé, dépourvu de rebondissements spectaculaires ou gratuits, affiche une rigueur intense. La juge originellement agaçante se métamorphose en une femme sensible, passionnée, dotée d'une volonté inébranlable, capable de risquer la vindicte de toute une communauté pour mener son enquête à son terme. Et tous les personnages, majeurs ou secondaires, blancs ou noirs, sont remarquablement dessinés. Avec en prime une approche visuelle (les paysages sont superbes) et atmosphérique captivante de ce petit bout de terre obsédé tous les quatre ans par la cérémonie de la "Bajada". 
 
   Au final, cette série qui, a priori, semblait être une énième copie des enquêtes traditionnelles qui fleurissent sur le petit écran, se révèle d'une intelligence, d'une densité, d'une tenue narrative et d'une tension qui n'ont rien à envier aux grandes réussites du genre, par exemple "Broadchurch" pour n'en citer qu'une.
   
Bernard Sellier