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High life,
      2018, 
 
de : Claire  Denis, 
 
  avec : Robert Pattinson, Juliette Binoche, André Benjamin, Claire Tran, Mia Goth, Agata Buzek, Victor Banerjee,  
 
Musique : Stuart Staples, Tindersticks


   
Ne pas lire avant d'avoir vu le film (encore que...)

   
Un vaisseau spatial, avec à son bord un homme, Monte, (Robert Pattinson) et un nouveau-né, vogue dans l'infini vers un trou noir. Peu à peu on commence à comprendre ce qui s'est passé avant ces instants... 
 
   Enfin, c'est une façon de parler, parce que, côté explications, on frôle le degré zéro. Ce qui ne serait pas en soi rédhibitoire, si d'autres composantes remplaçaient ce déficit. L'ouverture du film, dans un jadin d'eden reconstitué à l'esthétique quasi poétique, laisse espérer le meilleur. Mais très vite, c'est le désenchantement absolu. Le spectateur, totalement livré à lui-même par une suite d'actions brutales, sans fondements autres que des pulsions primaires, assiste à ce qui se veut sans doute une fin du monde qui n'en finit pas. Des personnages (on apprend au bout d'un long moment que ce sont d'anciens condamnés à mort), évoluent en circuit fermé depuis un long moment, chapeautés par une espèce de scientifique allumée, Dibs, (Juliette Binoche), qui, entre deux séances de baise dans la 'machine', s'évertue à provoquer la fécondation artificielle d'une des jeunes femmes présentes en récoltant le sperme des mâles de l'expédition. D'accord. On peut voir ce délire comme une crucifixion de la folie humaine actuelle. Et on peut supposer que la réalisatrice, spécialisée, si l'on peut dire, dans un éclectisme aux résultats souvent douteux ('Trouble every day', 'Un beau soleil intérieur'...), a la prétention de faire passer un ou plusieurs messages de première grandeur. L'intention est peut-être louable, le travail de mise en scène est évident, mais le résultat laisse pour le moins perplexe ! 
 
   D'une lenteur harassante, habité de scènes aux fondements nébuleux, construit sur une base passablement fumeuse (et pourtant l'astrophysicien Aurélien Barrau, spécialiste de la théorie de la gravité quantique à boucles est le conseiller technique du film), l'œuvre est surtout habitée par un groupe de personnages dont on se contrefiche totalement. Les seuls instants humanisés sont ceux qui rassemblent Monte et sa fille. Nombre de critiques ont vu dans ce film un sommet dense et captivant. Pour notre part, nous n'y avons trouvé que vide intersidéral, échanges verbaux d'une superficialité atterrante,  assertions aussi gratuites qu'artificielles ('Elle est la perfection', affirme Dibs en parlant du bébé. Ah bon ? 'Tu es différente des autres' martèle Monte à l'enfant. Ah bon ? Manifestement on a dû louper quelque chose d'important...), et gratuité à tous les étages. 
 
   Assurément, par son contenu, son originalité outrée et son style, le film tient une place à part dans le cinéma français. À chacun d'apprécier ou non cette place et son contenu...
   
Bernard Sellier