Jean (Gad Elmaleh) est employé dans un palace de Biarritz. Irène (Audrey Tautou) vit aux crochets de riches hommes plus ou moins décatis. A la suite d'un malentendu, elle prend Jean pour un milliardaire et passe une nuit en sa compagnie. Au matin, elle s'est éclipsé, rejoignant son "protecteur". Un an plus tard, les deux jeunes gens se rencontrent à nouveau à Monaco. Mais, cette fois-ci, le masque de Jean tombe, alors qu'Irène vient de plaquer pour lui son vieux du moment. Fort courroucée, elle enjoint à Jean de ne plus se retrouver sur son chemin. Mais lorsque l'on est amoureux, les ordres ne sont pas faciles à suivre...
Les hasards de la programmation en salles et sur Canal + nous ayant permis de visionner à quelques heures d'intervalle "L'auberge rouge" et "Hors de Prix",, il nous a paru opportun, une fois n'est pas coutume, de composer un seul commentaire commun à ces deux films, tant leurs styles illustrent à merveille deux conceptions extrêmes de la "comédie" française.
D'un côté nous avons le genre "poids lourd" du rire, qui, des "Visiteurs 1" à "Mais qui a tué Pamela Rose", en passant par les "Taxi 2, 3 ou 4", oscille entre le relativement jouissif et le consternant. Dans le cas présent, nous serions plutôt dans l'entre deux, ce qui n'est pas forcément une situation confortable ou enthousiasmante. Les concepteurs ont manifestement choisi de drainer toute la famille en évitant les excès de gore et la vulgarité extrême. Cela dit, la finesse, l'inventivité, l'originalité sont inconnues au bataillon, et nous avons droit uniquement à des personnages taillés à coups de serpe, à des gags souvent moyennement drôles, parfois répétitifs, à des situations convenues, et à un Christian Clavier refaisant pour la énième fois du Clavier.
En face de cette farce épaisse (placée d'ailleurs, on n'en sera pas surpris, sous le signe du cochon), brille un petit joyau qui, malgré un sujet pouvant aisément verser dans la vulgarité, développe un scénario simple, mais subtilement diaphane, dans lequel évoluent deux personnages aussi différents qu'attachants. Les scènes sont brossées avec délicatesse, à coups de pinceaux légers, et les protagonistes se mettent sans peine au diapason de l'ensemble, se montrant expressifs en toutes circonstances, jusque dans les séquences muettes, où le regard remplace avantageusement la parole. A côté du lunaire Gad Elmaleh, Audrey Tautou se montre particulièrement délicieuse, alliant naturel, légèreté et naïve immoralité avec un charme rafraichissant. Certes, tout n'est pas parfait dans cette gentille comédie. Un alanguissement plane sur certains passages, le dénouement est un tantinet convenu, et les personnages secondaires manquent de présence. Mais l'ensemble se révèle séduisant et rafraichissant.
Deux conceptions radicalement opposées : le mammouth terrien face à la colombe aérienne (ou à la pie, si l'on préfère...). A chacun de choisir en fonction de son élément de prédilection.