Human Trafficking, film de Christian Duguay, commentaire

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Human trafficking,
     2005, 
 
de : Christian  Duguay, 
 
  avec : Donald Sutherland, Robert Carlyle, Mira Sorvino, Rémy Girard, Anna Hopkins, Isabelle Blais, Emma Campbell, Sarah Allen,
 
Musique : Normand Corbeil
  
 
Helena Votrubova (Isabelle Blais) habite seule avec sa petite fille Ivanka (Alice Morel-Michaud) aux environs de Prague. Elle fait la connaissance d'un sympathique jeune homme, Frédérick (David Boutin), qui semble l'aimer. Aux Philippines, la petite Annie Gray (Sarah-Jeanne Labrosse) passe des vacances paisibles avec ses parents. En Russie, Nadia Tagarov (Laurence Leboeuf) rêve de devenir une top model. Aucun point commun entre ces trois êtres ? Si, un seul, celui d'être kidnappés par les membres d'une gigantesque multinationale du sexe, dirigée avec une poigne de fer et une absence totale d'états d'âme par le richissime Sergei Karpovich (Robert Carlyle). Aux Etats Unis, une jeune femme d'origine russe, Kate Morozov (Mira Sorvino) tente de démanteler le trafic sous la direction de son chef, Bill Meehan (Donald Sutherland)... 
 
 Si nous sommes loin ici de la violence racoleuse de "Hostel", par exemple, il n'en demeure pas moins que le film, autant par son sujet, hautement douloureux, que par le traitement narratif adopté, se révèle aussi indispensable que poignant et traumatisant. Entretenu par la demande de personnes ordinaires, inconscientes de la portée mortifère de leurs désirs, qui, comme le dit un des personnages, pourraient être aussi bien notre voisin de palier, que notre médecin de quartier ou le cousin germain, l'esclavage moderne pourrait, dans un avenir proche, supplanter le trafic de stupéfiants. En suivant les destins de trois jeunes filles au fil de leurs pérégrinations forcées autour du monde, l'histoire découvre l'horreur d'un "commerce" particulièrement florissant. Christian Duguay évite avec habileté de sombrer dans les extrêmes, n'utilisant qu'avec mesure et parcimonie la brutalité et le pathétique. Reconnaissons que l'équilibre n'est pas aisé à conserver en de telles circonstances. Sans prétendre à un rendu artistique ou original, qualités étrangères à ce constat brutal d'une réalité révulsante, le réalisateur nous propose simplement de nous interroger sur les conséquences de nos pulsions primaires lorsqu'elles ne sont pas régulées, et sur l'opportunisme criminel qu'elles génèrent chez les mafieux de tous horizons. À noter que Robert Carlyle, impressionnant, compose une pourriture majuscule.  
 
 Impossible d'oublier les visages ravagés de souffrance d'Helena ou de la petite Nadia... Tout simplement indispensable.
   
Bernard Sellier