Infidèle, (Unfaithful), film de Adrian Lyne, commentaire

  Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Infidèle,
      (Unfaithful),     2002, 
 
de : Adrian  Lyne, 
 
  avec : Richard Gere, Diane Lane, Olivier Martinez, Kate Burton, Margaret Colin,
 
Musique : Jan A.P. Kaczmarek

  
   
Edward Sumner (Richard Gere) est marié à la jolie Connie (Diane Lane) depuis onze ans. Ils vivent dans une belle propriété à l'écart de la ville. Ils ont un fils, Charlie (Erik Per Sullivan). Un jour, par hasard, Connie rencontre à New-York un jeune Français, Paul Martel (Olivier Martinez), qui fait le commerce de livres. Irrésistiblement attirée par sa sensualité, elle accepte de le revoir et la passion commence bientôt à la dévorer... 
 
   Adrian Lyne n'a tourné qu'un petit nombre de films. Il s'est fait une "spécialité" de situations amoureuses marginales. On se souvient, bien sûr, de "Neuf semaines et demie" avec un Mickey Rourke passablement déjanté, de "Liaison fatale" où Glenn Close pétait les plombs, et de "Proposition indécente" dans lequel la sculpturale Demi Moore se vendait au séduisant Robert Redford pour un million de dollars. 
 
   Ce "remake" de "La femme infidèle" de Claude Chabrol, ne commence pas vraiment sous les meilleurs auspices ! Une musique langoureuse, le petit déjeuner chez le couple américain moyen, le départ à l'école de garçon américain moyen, un Richard Gere qui a abandonné ses cheveux poivre et sel pour une teinture blond-roux assez surprenante, des images léchées et romantiques, des dialogues qui atteignent à peine la profondeur de ceux d'un feuilleton inoxydable, style "Les feux de l'amour"... On se dit : oh la la... Ca promet ! Est-ce la peine de se plonger dans cette énième mouture de la romance à l'eau de rose concoctée outre-atlantique ? Eh bien oui ! Trois fois oui ! Car cette ouverture dans la superficialité d'un couple aimant, mais quelque peu rongé par l'habitude et le train train quotidien, donne accès peu à peu à une descente progressive et dramatique dans les douleurs et les ravages de la passion sauvage.  
 
   Grâce à l'implication du couple Diane Lane, Richard Gere, cette banale histoire d'adultère plonge dans les méandres de la culpabilité, du doute, de la jalousie, de la violence, du pardon, avec une intelligence et une puissance dramatique évidentes. La jeune femme traduit avec une profonde authenticité les souffrances intérieures qui naissent de l'attirance quasi animale qu'exerce sur elle un jeune homme à la beauté sauvage ( dont la finesse n'est pas la qualité première ! ), de la dépendance pathologique et jouissante qui en résulte, ainsi que de la culpabilité qui la ronge intérieurement. Richard Gere, tout en retenue sensible, est lui aussi excellent.  
 
   Une étude patho-psychologique passionnante.
   
Bernard Sellier