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Intuitions,
     (The gift),       2000, 
 
de : Sam  Raimi, 
 
  avec : Cate Blanchett, Giovanni Ribisi, Keanu Reeves, Greg Kinnear, Kathie Holmes, Michael Jeter, Hilary Swank,
 
Musique : Christopher Young

  
   
Annabelle Wilson (Cate Blanchette) élève seule ses trois garçons dans la petite ville américaine de Brixton. Son mari a été tué un an plus tôt dans l'explosion de l'usine où il travaillait. Elle survit tant bien que mal en faisant des consultations de voyance et en tirant les cartes. Plusieurs personnes la consultent régulièrement : Valerie Barksdale (Hilary Swank), régulièrement battue par son mari Donnie (Keanu Reeves) ; le jeune mécanicien Buddy Cole (Giovanni Ribisi), traumatisé par des souvenirs d'enfance mystérieux. Un jour, la police fait appel à ses "dons" pour aider à retrouver une jeune femme disparue, Jessica King (Kathie Holmes), qui devait épouser peu après Wayne Collins (Greg Kinnear), responsable de l'école qui accueille les enfants d'Annabelle... 
 
   Décidément, Cate Blanchett illumine toutes les oeuvres dans lesquelle elle apparaît. Elle n'a pas la sensualité immédiate de Sharon Stone ou de Demi Moore, le regard mutin et enjôleur de Meg Ryan, mais ardeur, plénitude, fragilité, intensité dramatique sont révélées par son visage presque ordinaire et ses yeux bleu clair ! Il faut dire qu'elle est magnifiquement servie par un scénario intelligent, fouillé, retors, qui fait la part belle aux émotions, aux peurs, au suspense, aux rebondissements, mais n'oublie nullement la personnalité profonde des êtres qui le peuplent.  
 
   Il est difficile de ne pas se sentir impliqué par cette jeune femme à l'apparence fragile, humble, qui tente maladroitement d'aider les autres. De cette fourmilière de pathologies diverses, émergent des individus englués dans leurs souffrances, dans leurs non-exprimé, qui n'ont rien du spectaculaire d'Hannibal Lecter, mais n'en existent pas moins avec une profonde vérité émotionnelle. Wayne, Valérie, Donnie ( surprenant contre-emploi de Keanu Reeves que l'on a l'habitude de voir dans des rôles bien proprets, lisses, bcbg, mais qui avait déjà donné un vénéneux Don Juan dans "Beaucoup de bruit pour rien"), et, surtout, Buddy, dont Giovanni Ribisi offre une incarnation inoubliable, sont tous peints avec sensibilité, vraisemblance, et servent habilement une construction dramatique qui ne faiblit jamais. Les fausses pistes sont judicieusement exploitées et le sensationnel ne prend jamais le pas sur le drame humain. Les "visions" d'Annabelle ne sont jamais surexploitées. 
 
   Un excellent thriller psychologique qui, loin de prendre les spectateurs pour des robots avaleurs de machines horrifiques préfabriquées, les attire avec maîtrise et humanité dans un drame presque ordinaire.
   
Bernard Sellier