1980. Dans un village perdu d'Andalousie, deux jeunes filles sont retrouvées torturées et assassinées. Deux flics sont envoyés pour éclaircir le mystère. Très différents de tempérament, ils rencontrent pas mal de difficultés car la loi du silence règne...
Un film couronné par 10 "Goya", l'équivalent de nos "César". Il y a de quoi intriguer et allécher. Pourtant, cette histoire qui fait évidemment penser à "True detective", pour son climat glauque et ses personnages antagonistes plus ou moins traumatisés, avoue très vite ses limites. Certes l'atmosphère, tant visuelle que psychologique, est rendue de manière convaincante, voire prenante. Le spectateur n'est pas habitué à cette Andalousie noyée sous la pluie, à ses canaux inquiétants, qui ne sont pas sans évoquer une Louisiane méditerranéenne. Nous sommes également dans la période post franquiste, avec tout ce que cela évoque de souffrances, de rancoeurs, de vilénies cachées. Pourtant il est bien difficile de se passionner pour cette enquête languissante, sans enjeux captivants, avec une galerie de personnages ternes et distants. Rien dans le récit, que ce soit les événements, les mystères, les tempéraments des deux protagonistes, n'attire réellement l'empathie ou une adhésion captivée. Lorsque le commentateur de Telerama parle de "scènes d'action spectaculaires", on se demande avec stupéfaction de quoi il parle, et si nous avons bien visionné le même film ! Le réalisateur est parvenu à instaurer un style visuel personnel (vues aériennes sur les immensités andalouses, décors lugubres...), mais il manque cruellement dans son œuvre une densité narrative et une réelle consistance des personnages, qui auraient été susceptibles de générer l'enthousiasme.