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It follows,
      2014, 
 
de : David Robert  Mitchell, 
 
  avec : Bailey Spry, Keir Gilchrist, Maika Monroe, Lili Sepe, Olivia Luccardi, Jake Weary, Debbie Williams,
 
Musique : Rich Vreeland

  
   
Annie (Bailey Spry), Une jeune fille ordinaire, sort un jour de chez elle en hurlant. On la retrouve mutilée au bord de la plage. Jay Height (Maika Monroe), une adolescente du même âge, sort avec son petit copain, Hugh (Jake Weary). Après avoir fait l'amour, il la kidnappe, la transporte dans un entrepôt désert et lui explique la raison de son geste... 
 
   Dans le genre du film d'épouvante ou de fantastique, deux appréciations sont possibles. Soit le spectateur privilégie le niveau de frisson ressenti, quelle que soit la qualité du scénario. Soi il accorde danvantage d'importance à la construction de l'histoire, avec le risque que le degré d'angoisse ne se montre pas au niveau optimal. Il existe bien sûr des cas rarissimes où les deux composantes atteignent un himalaya qualitatif. "Shining" en est un excellent exemple. 
 
   Si l'on se concentre sur la première approche, le résultat est tout à fait à la hauteur de l'attente. Pour une fois, remercions-en les scénaristes et le réalisateur, l'anxiété et les palpitations ne sont pas générées par un quelconque monstre poilu ou par un alien baveux, mais de la manière la plus simple qui soit : avec des personnages de chair et de sang. Et, dans le registre du soubresaut anxiogène, la musique et les quelques bruits soigneusement distillés se conjuguent très efficacement pour provoquer de soudaines montées d'effroi chez le spectateur tranquillement affalé dans son fauteuil. Esthétiquement, la réussite est tout aussi remarquable. Usant de travellings et de panoramiques hypnotisants, inquiétants, le réalisateur fascine par l'art avec lequel il appréhende les angoisses existentielles d'une jeunesse livrée à elle-même. Les parents sont quasiment absents du film. 
 
   En revanche, si l'on se penche sur la seconde approche, l'enthousiasme faiblit. L'idée de départ - la transmission d'une entité maléfique - est intéressante, intrigante. Mais, là où le bât blesse, c'est dans la manière dont cette 'infusion' s'effectue, et, surtout, le processus par lequel il est possible de se débarrasser de l'intrus(e). C'est-à-dire en le refilant en douce à quelqu'un d'autre ! Le concept est pour le moins douteux. D'autant plus que - est-ce dû à un assoupissement mental momentané de mes neurones -, le continuel changement physique de l'entité qui, en revanche, est toujours à la poursuite de la même victime, ne m'a pas paru d'une clarté flagrante. Il est également judicieux de s'interroger sur le fond de l'idée originelle. Le réalisateur a-t-il voulu juste créer une oeuvre flippante, visuellement splendide, auditivement efficace ? Auquel cas, la réussite est certaine. Ou bien a-t-il eu la prétention de donner un sens symbolique, puisque c'est en faisant l'amour, que le mal se transmet ? Dans cette éventualité, la perspective est passablement nauséeuse...
   
Bernard Sellier