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Je suis toutes les filles,
     (I am all girls),     2021, 
 
de : Donovan  Marsh, 
 
  avec : Erica Wessels, Hlubi Mboya, Mothusi Magano, J.P. du Plessis, Ben Kruger, 
 
Musique : Brendan Jury


 
1994 en Afrique du Sud. Gert de Jager (J.P. du Plessis) est arrêté par la police. Il avoue avoir enlevé de nombreuses fillettes, mais refuse de livrer le nom du politicien qui est à la tête du trafic. De nos jours, Jodie Snyman (Erica Wessels) mène l'enquête sur de nouvelles disparitions en compagnie de sa collègue Ntombizonke Bapai (Hlubi Mboya). Plusieurs criminels sont retrouvés avec, gravées sur leurs cadavres, les initiales de fillettes disparues... 
 
  L'histoire a pour fondement l'histoire de Gert van Rooyen, un néerlandais accusé d'avoir enlevé six fillettes entre 1988 et 1989 avec la complicité de sa compagne. Mais le scénario s'écarte rapidement de cette source historique pour offrir au spectateur un classique film d'enquête menée par deux femmes déterminées et jusqu'au boutistes. Le film en lui même laisse une impression mitigée. Lorsque l'on prend en compte son aspect documentaire, manifeste dans son refus du spectaculaire et dans son approche analytique des évènements, l'adhésion est totale. Les personnalités de ces deux enquêtrices, bien que décrites de manière très sobre, voire primaire, sont beaucoup plus proches du réalisme d'un documentaire que du théâtral, aussi efficace soit-il, d'un "Taken" par exemple. À l'opposé, si l'on prend en compte l'aspect dramatique d'une histoire qui cherche tout de même ménager un suspense, l'enthousiasme tombe. En cent minutes, il est bien difficile de livrer une œuvre policière qui tienne la route, et, conjointement, une approche réaliste et sincère du contexte tragique qui sous-tend l'intrigue.La personnalité de l'exécuteur est connue dès le début, ce qui n'est pas dérangeant pour un documentaire, mais se révèle handicapant pour l'aspect thriller de l'entreprise. Quant à la structure du récit, elle souffre d'une construction un peu bancale, qui manque d'une colonne vertébrale solide. Il n'empêche que l'on ne peut qu'être globalement favorable à cette œuvre qui ne cherche jamais l'esbroufe, mais se concentre, avec une intensité émotionnelle bien maîtrisée, sur ce trafic odieux qui martyrise des centaines de milliers de personnes et rapporte des milliards à des truands monstrueux.
   
Bernard Sellier