Après avoir trucidé quelques fines lames précédemment, la "Mariée" (Uma Thurman) se rapproche de plus en plus de son objectif principal, le monstrueux (?) Bill (David Carradine), qui a organisé l'exécution dans la petite Chapelle des Deux Pins à El Paso. Cependant, il reste encore deux obstacles à franchir avant la rencontre finale : le premier est Budd (Michael Madsen), frère de Bill. Mais l'entreprise commence fort mal, puisque la jeune femme se retrouve d'emblée droguée, ligotée et enfouie à six pieds sous terre par son ennemi, qui s'empresse d'appeler "Elle Driver" (Daryl Hannah), afin d'obtenir un million de dollars de récompense...
Changement radical dans le processus narratif par rapport à la phase initiale ("Kill Bill I").
Cette lenteur dans laquelle le verbe, pourtant simpliste, est Roi, offre un écrin particulièrement propice à la mise en valeur des quelques déferlements de violence, dont la brièveté et la sauvagerie n'en sont que plus paralysantes. Quel metteur en scène, aujourd'hui, oserait soixante secondes de noir total (mais avec le bruit traumatisant de la terre qui tombe), plusieurs minutes de claustrophbie visuelle, un long récit légendaire autour d'un feu de camp, ponctué par les sons de la flûte que Bill fait sonner comme un glas funéraire, tout cela avec un naturel, une évidence qui emportent immédiatement l'adhésion du spectateur ? Même dans un final à l'issue prévisible, Tarentino parvient encore à nous estomaquer en nous offrant des minutes merveilleuses, annonciatrices d'une humanité retrouvée, qui composent un baume cicatrisant pour toutes les blessures saignantes qui ont été infligées au fil de ce récit majestueux.