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The killer,
     2023, 
 
de : David  Fincher, 
 
  avec : Michael Fassbender, Tilda Swinton, Charles Parnell, Arliss Howard, Kerry O'Malley, Sophie Charlotte,
 
Musique : Trent Reznor, Atticus Ross

  
 
Un tueur à gages (Michael Fassbender) attend depuis plusieurs jours, dans un appartement inoccupé, l'arrivée de sa cible qui habite le bâtiment d'en face. L'homme se montre enfin, mais, pour la première fois de sa carrière, le tueur rate se cible. Il comprend que cet échec risque d'avoir des conséquences fâcheuses. Arrivé chez lui à Saint Domingue, il se rend compte que sa compagne a été grièvement blessée par deux inconnus... 
 
 David Fincher deviendrait-il, avec l'âge, adepte du minimalisme, ou bien jalouserait-il le style narratif de Tarentino, en particulier ses (très) longs échanges verbaux ? Ce qui est sûr, c'est que la première partie du film, située à Paris - il y a sept chapitres, chacun étant situé dans une contrée propre -, ne manque pas d'interpeller le spectateur, et, surtout, de tester sa patience. Une qualité qui est semblable à celle que prône le tueur en attente, puisque, durant vingt minutes, nous assistons à ses préparatifs psychologiques, et subissons ses interminables monologues. Ceux-ci ne délivrent quasiment aucune information sur son passé professionnel, mais par contre nous sommes abondamment informés sur sa méticulosité, son goût des chiffres et des statistiques, sa surveillance méticuleuse de sa pression cardiaque, et nous avons droit à des considérations pseudo philosophiques sur se conception de l'existence. Il n'est pas certain que Tarentino aurait osé imposer au spectateur une durée de soliloque aussi longue.

 Une fois l'exécution ratée, le récit suit le tueur dans sa quête du commanditaire et des deux méchants qui ont abîmé sa compagne. De la République Dominicaine, nous passerons donc à la Nouvelle Orléans, à la Floride, à New York, à Chicago, avant de revenir au point de départ. Sobre jusqu'à l'ascétisme, Michael Fassbender fait penser au mutique Alain Delon du «Samouraï». Il serait malhonnête de dire que l'on s'ennuie, tant l'acteur occupe l'écran avec son magnétisme habituel. Mais, sur un plan global, il est plus que permis d'hésiter : sommes-nous devant une création épurée, profondément singulière et originale dans son traitement narratif, ou bien David Fincher et ses scénaristes ont-ils sombré dans une facilité racoleuse, en enrobant une histoire minimaliste, pour ne pas dire primaire, dans un écrin totalement à l'opposé des styles actuels survitaminés ? À chacun de donner sa réponse.   
   
Bernard Sellier