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Le samouraï,
        1967, 
 
de : Jean-Pierre  Melville, 
 
  avec : Alain Delon, Nathalie Delon, Cathy Rosier, François Périer,
 
Musique : François de Roubaix


   
Jeff Costello (Alain Delon) est un tueur à gages solitaire. Il exécute une cible désignée, mais se fait arrêter par la police comme beaucoup d'autres personnes. Interrogé par le commissaire (François Périer), il dégoupille un alibi solidement forgé par ses soins. Non reconnu par la jeune pianiste (Cathy Rosier) qui l'a pourtant vu de près, il est libéré...

    C'est incroyable comme les années, et en l'occurrence les décennies, se montrent implacables avec certains films. Que reste-t-il aujourd'hui de cette oeuvre considérée comme majeure dans la filmographie de Jean-Pierre Melville ? Un constat amer, comme cela a été le cas récemment de «Bullitt».

    Le hiératisme sobrissime de Delon est certes toujours impressionnant. Mais en dehors de cela, ce sont surtout des codes surannés ainsi qu'un tissage dramatique bien démodé et grossier qui apparaissent. Le refus systématique de toute analyse psychologique et de toute explication, marque de fabrique assumée par le réalisateur, procure aujourd'hui une sensation de vide existentiel difficile à supporter. Le réalisme et la vraisemblance sont également mis à rude épreuve. Est-ce que les confrontations entre les témoins et les suspects se déroulaient réellement de cette manière dans les années soixante ? Peut-être. Il n'en demeure pas moins qu'elles se montrent interminables, tout comme les filatures, et les incessantes montées et descentes d'escaliers. Si l'on ajoute à cela une trame criminelle sans intérêt, ainsi que le fait qu'il est impossible d'accrocher une quelconque empathie envers un homme robotisé dont on ne sait rien et dont les actions sont, pour le moins, surprenantes, il ne reste plus grand chose pour que le spectateur de 2021 pénètre avec enthousiasme dans cette épure ascétique et glaciale. D'autant plus qu'en face de ce samouraï moderne les deux personnalités féminines se montrent étonnamment inexpressives. Un tout petit 4 étoiles pour la nostalgie...
   
Bernard Sellier