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Léon Morin, prêtre,
         1961, 
 
de : Jean-Pierre  Melville, 
 
  avec : Jean-Paul Belmondo, Emmanuelle Riva, Irène Tunc, Gisèle Grimm, Nicole Mirel, Marco Behar, Marc Eyraud,
 
Musique : Martial Solal


   
La seconde guerre mondiale a commencé. Une petite ville est occupée par les Italiens, puis par les Allemands. La vie continue tant bien que mal. Une jeune femme, Barny (Emmanuelle Riva), travaille comme correctrice dans un service d'enseignement à distance. Athée et proche de l'idéologie communiste, elle décide un jour d'entrer dans une église et d'exprimer vertement à un prêtre ce qu'elle pense de la religion. L'attitude ouverte de sa "victime", Leon Morin (Jean-Paul Belmondo), la décontenance. Elle accepte de se rendre chez lui et de lire les ouvrages qu'il lui prête... 
 
   Une histoire qui, a priori, n'est pas particulièrement cinématographique. D'autant plus qu'il ne se passe pas grand chose, événementiellement parlant, au cours de ces deux heures. C'est le moins que l'on puisse dire. Même la guerre, qui sévit durant tout le déroulement du récit, se voit réduite à une toile de fond quasiment invisible. Melville concentre l'intégralité de sa création aux pulsions internes des protagonistes, aux échanges verbaux, aux fluctuations des consciences, à la découverte progressive, par une âme simple, de l'un des sentiers qui conduisent vers la découverte du Dieu intérieur. Leon Morin, prêtre non conformiste par nombre de réactions de sa personnalité, mais cependant ancré dans un dogmatisme traditionnel, tient lieu à la fois de psychologue, de confesseur et d'enseignant. La présence de Jean-Paul Belmondo, ( dont c'était le onzième film en deux ans ! ), surprend au premier abord, tant on s'est habitué à le voir caracoler dans des oeuvres au style fort différent. Mais, au bout du compte, il se révèle convaincant dans le mélange de spontanéité abrupte et de sage maturité qu'il affiche avec constance. Emmanuelle Riva, tour à tour fragile, naïve, inconsciemment et maladroitement manipulatrice, est exceptionnelle de naturel et de grâce. Fidèle à un style qu'il adoptera dans ses créations policières futures ("Le Samouraï", "Le Cercle Rouge"), Melville se montre sobre, presque ascétique dans sa mise en scène. La brièveté de la plupart des scènes rend vivants des échanges qui auraient pu rapidement conduire à un ennui distingué. Ce n'est certes pas le film que l'on choisira pour égayer une soirée entre potes, mais la trace qu'il laisse dans la mémoire est de celles qui sont profondément gravées.
   
Bernard Sellier