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Les lignes courbes de Dieu,
     (Los renglones torcidos de Dios),       2022, 
 
de : Oriol  Paulo, 
 
  avec : Bárbara Lennie, Eduard Fernández, David Selvas, Javier Beltrán, Antonio Buíl, Dafnis Balduz,
 
Musique : Fernando Velázquez

 
   
1979. Alicia (Bárbara Lennie), détective privée, se fait interner dans l'hôpital psychiatrique dirigé par le docteur Samuel Alvar (Eduard Fernández) afin d'enquêter sur le décès d'un jeune patient dont la mort a été attribuée à un suicide. Le père du défunt, Garcia del Olmo (Lluis Soler), conduit lui-même la jeune femme au centre, où elle se fait passer pour une paranoïaque...
 
   Il ne fait guère de doute que l'auteur du roman et les scénaristes ont été largement inspirés par l'œuvre de Martin Scorcese "Shutter island". Le récit plonge donc le spectateur dans le monde horrifique de la psychiatrie, d'autant plus que les méthodes prétendues thérapeutiques, tels les électrochocs, semblent encore avoir été en usage à l'époque de l'histoire. Nous sommes en présence d'une véritable cour des miracles, qui, parfois, peut paraître excessive sur le plan de la vraisemblance. Mais si l'on fait abstraction de cet aspect, peut-être contestable, ce qui est encore à vérifier, il n'en demeure pas moins que le scénario, retors à souhait, offre l'occasion de pénétrer dans les manipulations psychiques les plus complexes, ainsi que dans la difficulté extrême, pour un thérapeute, de discerner le véritable état mental de ses patients. Au cours de la narration, le spectateur, tout comme les médecins, sont ballottés entre deux extrêmes : accorder du crédit au récit d'Alicia, ou bien, au contraire, admettre ses talents exceptionnels d'affabulatrice. Le scénario mélange avec talent ces différentes phases, et le désarroi qui en découle est d'autant plus efficace que le drame joue avec réussite sur la temporalité des évènements. Peut-être l'œuvre aurait-elle encore gagné en atténuant quelque peu la théâtralité de certaines scènes, mais elle joue avec les nerfs et la raison du spectateur d'une façon très efficace. Une preuve supplémentaire de sa réussite, tient au fait que l'on ne souffre, d'aucune manière, de la longueur du film (145 minutes). Passionnant de bout en bout, flippant et savamment manipulateur. 
   
Bernard Sellier