Le Limier, film de Joseph L.Mankiewicz, commentaire

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Le limier,
       (Sleuth),     1972,  
 
de : Joseph L.  Mankiewicz, 
 
  avec : Michael Caine, Laurence Olivier,
 
Musique : John Addison, Cole Porter


   
Lire le poème ( CinéRime ) correspondant : ' Labyrinthe '

   
Milo Tindle (Michael Caine) arrive dans le château de Andrew Wyke (Laurence Olivier), invité par ce dernier. Les deux hommes font connaissance. Andrew est un riche écrivain de romans policiers, fier de de son ascendance britannique pure et de son héros, le génial détective St John Lord Merridue. Milo est un coiffeur londonien d'ascendance italienne, assez peu argenté. Une fois les présentations faites, Andrew expose à son interlocuteur le but de l'invitation. Il sait que Milo est l'amant de sa femme, Marguerite. Celle-ci, très dépensière, a d'importants besoins financiers. Andrew serait bien content d'être débarrassé d'elle. Il a donc monté un faux cambriolage. Milo volera les bijoux dans le château, les vendra à un receleur, tandis qu'Andrew touchera la prime d'assurance... Mais tout n'est qu'apparences... 
 
   Deux heures dix sept de film, un cadre unique, deux personnages seulement et... un bonheur permanent ! L'ouverture donne le ton : unique scène en extérieur, lors de l'arrivée au château de Milo : la recherche du propriétaire dont on entend la voix, au milieu d'un labyrinthe de verdure. La quête du vrai au milieu des apparences, des trompe l'oeil. Et toute la suite n'est que le développement de ce jeu de miroirs. Andrew est un joueur né. Toute sa vie n'est que tromperie et masque, maladif désir de mesurer son esprit inventif et génial à celui d'autrui. C'est la raison pour laquelle il a créé ce personnage de détective qui, à l'instar d'Hercule Poirot, coiffe régulièrement sur le poteau les minables policiers qui piétinent dans leurs enquêtes.  
 
   Au milieu d'un décor qui regorge de trouvailles, de miroirs, d'automates, de bibelots, les deux hommes vont s'affronter dans une suite de duels dans lesquels l'esprit remplace l'épée, et où l'humour parfois saignant, tient une place de choix. Cette irruption permanente du faux, de la suggestion, ce jeu cruel de l'humiliation provoquée puis subie, donnent l'occasion à ces deux acteurs de briller dans tous les registres, en usant d'un cabotinage délicieux qui s'intègre parfaitement dans le système de machination théâtrale qu'ils créent tour à tour.  
 
  C'est intelligent, drôle, original, jouissif, bref, génial... Etonnant de voir cette oeuvre intimiste réalisée par le créateur du gigantissime "Cléopâtre" !...
   
Bernard Sellier