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Little Buddha,
         1993, 
 
de : Bernardo  Bertolucci, 
 
  avec : Keanu Reeves, Bridget Fonda, Chris Isaak, Ruocheng Ying, Alex Wiesendanger, Raju Lal, Sogyal Rinpoche,
 
Musique : Ryuichi Sakamoto

   
   
Lama Norbu (Ruocheng Ying) est à la recherche de la réincarnation de l'un de ses Maîtres, le Lama Dorje, mort depuis quelques années. Une information lui est transmise depuis le centre bouddhique de Seattle. Une forte probabilité existe que le sage se soit réincarné dans la personne du jeune Jesse Conrad (Alex Wiesandanger), âgé de sept ans. Norbu fait le voyage depuis le Bhutan et prend contact avec la famille de Jesse, son père, Dean (Chris Isaak), architecte, et sa mère, Lisa (Bridget Fonda). D'abord plus que réticents à cette idée, pour eux saugrenue, ils finissent par accepter l'hypothèse que leur enfant puisse être cette réincarnation d'un lama tant vénéré. Dean et Jesse partent pour le Bhutan où deux autres enfants, candidats potentiels, ont été découverts. 
 
   L'idée de départ est excellente. Même s'il attire de plus en plus de sympathisants et d'adeptes, grâce à son application intelligente, pratique, et non dogmatique de l'Amour Universel, le Bouddhisme demeure tout de même assez étranger à la grande majorité des Occidentaux. L'abord de cette philosophie mystique par le biais d'une quête de la réincarnation d'un grand Lama permet de pénétrer dans ce monde spirituel, tout en gardant les pieds dans notre univers matériel. De plus, la jeunesse de Jesse donne l'occasion de raconter l'accès à l'illumination du Prince Siddharta sous la forme narrative, ludique et visuelle d'un conte féerique accessible à tous.  
 
   Mais là se situe aussi la limite de l'entreprise. Car, si le choix de Keanu Reeves, a priori surprenant, se révèle finalement judicieux, si la mise en images nous livre de magnifiques tableaux, l'ensemble demeure tout de même très superficiel et semble plus proche du genre dessin animé style Disney que d'une leçon de sagesse, aussi abordable soit-elle. 
 
   Quant à l'histoire proprement dite, son authenticité est relativement préservée grâce à la présence de Moines et cérémonies bouddhistes, mais elle manque, elle aussi, singulièrement de densité, et l'intervention des deux autres enfants n'apporte beaucoup de matière supplémentaire. Toutes les qualités primordiales qui constituent la grandeur, la noblesse spirituelles de cette Voie, et qui font cruellement défaut à notre société, à savoir : la compassion, le détachement ainsi que la libération de la roue des réincarnations, ne sont qu'effleurées. 
 
    L'ensemble constitue un spectacle agréable, esthétiquement très réussi, comme souvent chez Bertolucci, alternant dominantes jaunes pour le récit oriental et bleues pour la partie occidentale, soutenu par une belle musique de Ryuichi Sakamoto, mais dont l'impact demeure relativement superficiel. Beaucoup plus que celui du récent "Samsara", par exemple !
   
Bernard Sellier