Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Loin d'ici,
        (Down in the delta),      1998, 
 
de : Maya  Angelou, 
 
  avec : Alfre Woodard, Wesley Snipes, Al Freeman Jr., Mary Alice, Loretta Devine,
 
Musique : Stanley Clarke

 ❤❤❤ 
  
   
Loretta Sinclair (Alfre Woodard) vit à Chicago, chez sa mère, Rosa (Mary Alice), avec ses deux enfants, Thomas (Mpho Koaho) et Tracy (Kulani Hassen). Sans travail, inculte, elle passe ses nuits à boire et ses journées à dormir. Lasse de cet état de choses, Rosa décide d'envoyer la jeune femme avec ses enfants, pour l'été, chez son frère, Earl (Al Freeman, Jr), qui vit avec sa femme, Annie (Esther Rolle), dans le sud des Etats-Unis. Annie, atteinte de la maladie d'Alzheimer, est confiée aux bons soins d'une jeune servante, Zenia (Loretta Devine)... 
 
   Mise en images de l'adage positiviste : "qui veut peut", voilà un bien beau film qui évite intelligemment tous les pièges tendus sous ses pas : misérabilisme, manichéisme, réthorique...! Avec une simplicité touchante, beaucoup de tendresse maîtrisée, un naturel constant, une grande sobriété, la réalisatrice nous convie à la réinsertion d'une femme désemparée, dans la vie affective et professionnelle. La ville de Chicago, avec ses dangers permanents, le délire qui impose de s'armer dès que l'on devient adolescent, n'est pas montrée comme une abomination. Cette calme campagne du Mississipi, où le temps s'écoule tranquillement mais dans l'inquiétude d'un avenir précaire, n'est pas montrée comme un paradis. Simplement, une suite d'événements simples, quotidiens, quelques échanges intimes, et, surtout, la personnalité d'Earl (joué par l'excellent Al Freeman Jr.), , empli de compassion sous des dehors bougons, permettront à Loretta de percer les brumes de l'illusion pour revenir à une conscience objective plus saine de sa vérité intérieure. Mais le personnage principal, si l'on peut dire, est évidemment ce "Nathan", candélabre volé par Jesse, l'ancêtre, à ses patrons, qui avaient vendu son père comme esclave. Devenu le symbole de l'unité familiale, transmis de génération en génération, l'objet devient une sorte de talisman magique, doté d'un pouvoir quasi surnaturel. 
 
   Pour l'anecdote, on n'est pas peu surpris de voir Wesley Snipes, entre "U.S. Marshals" et "Blade", quitter ses habituels rôles musclés ("Drop zone", "Passager 57", "Demolition man", "Money train"...) , pour incarner ici un fils sensible et produire une oeuvre de ce genre !  
 
   Une histoire classiquement filmée, mais d'une vibrante humanité.
   
Bernard Sellier