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Lust, caution,
       (Se, jie),       2007, 
 
de : Ang  Lee, 
 
  avec : Tony Leung Chiu Wai, Wei Tang, Joan Chen, Lee-Hom Wang,
 
Musique : Alexandre Desplat

 
   
Le début de la seconde guerre mondiale. Wong Chia Chi (Wei Tang) habite Hong Kong, son père émigré en Grande Bretagne n'ayant pas encore la possibilité de la faire venir auprès de lui. Elle se lie d'amitié avec un groupe de jeunes passionnés de théâtre patriotique. Mais bientôt, une autre attirance les motive. Ils décident de supprimer un homme puissant, monsieur Yee (Tony Leung Chiu Wai), qui collabore avec l'occupant Japonais. Wong Chia Chi devient l'amie de Madame Yee (Joan Chen) et devient une participante assidue des jeux de dés qu'elle organise régulièrement. Monsieur Yee semble peu à peu sensible au charme de la jeune fille. Mais le départ soudain des Yee pour Shanghai interrompt le plan des conspirateurs... 
 
   Après une longue, très longue, voire rébarbative mise en route, dont la limpidité narrative n'est pas la qualité principale, l'histoire entre enfin dans le vif du (des) sujet(s), c'est le moins que l'on puisse dire. Dans la seconde moitié, les tourments de la chair et de l'âme font leur apparition. Jeu de la fascination, attirance ambiguë dans laquelle amour et sauvagerie s'entremêlent, relations complexes dont le volcanisme érotique surgit au milieu d'échanges feutrés, distants, tout cela serti dans un écrin visuel et auditif superbe... Il y avait là de toute évidence matière à bousculer le spectateur, et pourtant, sauf à de très fugaces instants, il est bien difficile de se sentir happé par le drame, d'entrer en osmose émotionnelle avec ces deux personnalités secrètes, dissimulatrices, par ailleurs magnifiquement incarnées. L'acuité des regards, le feu des corps enlacés, particulièrement intense et crédible, ne suffisent pas à compenser la distanciation permanente avec laquelle le réalisateur aborde la liaison "fatale" des amants. Il faut attendre la toute fin pour vibrer, enfin, trop brièvement et trop tard, avec ce qui s'annonçait comme une tragique et funeste passion, mais qui se révèle hélas, au final, une peinture alanguie, dominée par un recul souvent glacial et un ennui qui guette sournoisement. C'était déjà le cas dans "Le secret de Brokeback mountain"...
   
Bernard Sellier