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Magic in the moonlight,
     2014, 
 
de : Woody  Allen, 
 
  avec : Colin Firth, Emma Stone, Catherine McCormack, Eileen Atkins, Hamish Linklater, Simon McBurney, Marcia Gay Harden,
 
Musique : Maurice Ravel...

 
   
Le célèbre magicien Wei Ling Soo, qui n'est autre que l'occidental Stanley Crawford (Colin Firth), fait un triomphe à Berlin. Son ami Howard Burkan (Simon McBurney) le contacte et lui propose de l'accompagner sur la Côte d'Azur afin de démasquer une soi-disant médium, Sophie Baker (Emma Stone). Celle-ci s'est installée en compagnie de sa mère (Marcia Gay Harden) au sein d'une riche famille qui ne jure plus que par ses visions... 
 
    Woody Allen replonge ici dans l'atmosphère des années 1930 qu'il avait visitée avec un charme inégalable dans le récent "Minuit à Paris". L'histoire présente se révèle nettement moins originale, d'autant plus que l'aspect magique ou surnaturel, souvent fascinant et spectaculaire au cinéma par sa nature hermétique, n'occupe ici qu'une place relativement anémique. Très rapidement, le récit quitte les séances de spiritisme pour s'orienter vers deux directions : la première, une romance qui ne s'avoue pas sa nature, ce qui constitue la partie la moins intéressante du film, surtout en raison d'une prévisibilité excessive ; la seconde, beaucoup plus enrichissante, qui explore le bouleversement intérieur d'un homme brillant, mais terriblement emprisonné dans sa raison et son mental. Stanley est un athée, solidement campé sur la certitude que la connaissance scientifique représente la totalité de la réalité universelle. C'est par le pouvoir de l'illusion que, progressivement, ses certitudes vont vaciller. Le coeur flexible, accueillant, tolérant et sociable remplacera peu à peu l'intellect pessimiste et rigide. Avec, au passage, un questionnement sur l'utilité des chimères, voire des duperies, sur la quiétude qu'elles apportent à une âme tourmentée. Colin Firth rend avec talent et grâce les fluctuations subtiles de cette personnalité ballottée entre nihilisme primaire et aspiration au merveilleux. 
 
    Une œuvre sympathique, vivante, parfois délicate et délicieuse, légère, qui assume sans complexe sa simplicité spirituelle.
   
Bernard Sellier