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Margin call,
      2011, 
 
de : J. C.  Chandor, 
 
  avec : Kevin Spacey, Stanley Tucci, Zachary Quinto, Jeremy Irons, Paul Bettany, Demi Moore, Mary McDonnell, Simon Baker, Penn Badgley,
 
Musique : Nathan Larson


   
2008. Quelques heures a vant la crise financière des subprimes. Un jeune trader, en poste dans une grosse banque d'investissement, Peter Sullivan (Zachary Quinto), découvre que depuis plusieurs mois les positions prises dépassent de loin la limite du tolérable. Une réunion de crise immédiate entre les différents responsables des services et le "big boss", John Tuld (Jeremy Irons), conduit celui-ci à prendre une décision critique : vendre à tout prix... 
 
   Manifestement sans gros moyens, le réalisateur a construit un huis-clos étouffant obéissant à la règle des trois unités : temps, lieu, action, et son mérite n'est pas mince d'avoir su rendre tout à fait claire et captivante cette plongée écoeurante dans un univers aussi rebutant que pervers. Il faut préciser qu'il est grandement aidé par un casting de premier plan, de Jeremy Irons, impérial de perfidie glaciale, qui en voit dans une déroute momentanée qu'un moyen de s'enrichir encore plus, à Kevin Spacey, vaguement torturé par une conscience qui finit par céder aux sirènes de l'argent, en passant par Paul Bettany ou encore Peter Sullivan (le Sylar de "Heroes"). S'agit-il véritablement d'une dénonciation du pervertissement d'un capitalisme sauvage et criminel ? Il serait possible d'en douter, tant les intervenants de l'intrigue se retrouvent finalement tous du même côté de la barrière et donnent davantage l'impression de sauver le navire amiral du naufrage, alors que, dans la réalité, ils sabordent délibérément les dizaines de milliers de petits bateaux liés à eux. Mais peut-être cette vision réduite aux manoeuvres frauduleuses d'un groupe fermé, quasiment exempte de toute critique extérieure, prend-elle volontairement ce chemin dans le but de cerner avec un maximum d'acuite l'égocentrisme démesuré de personnages totalement déconnectés de leur âme, pour lesquels n'existe que le nombre de zéros sur leur compte en banque ?...
   
Bernard Sellier