Heroes, Saison 1, série de Greg Beeman, commentaire

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Heroes,
      Saison 1,      2006 
 
de : Greg  Beeman..., 
 
avec : Hayden Panettiere, Jack Coleman, Sendhil Ramamurthy, Santiago Cabrera, Masi Oka, Milo Ventimiglia, Greg Grunberg, Ali Larter,
 
Musique : Lisa Coleman, Wendy Melvoin


   
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Aux quatre "coins" du monde, différentes personnes se découvrent, parfois avec surprise, parfois avec angoisse, parfois avec excitation, des capacités paranormales. Claire Bennet (Hayden Panettiere) expérimente l'invulnérabilité de son corps physique. A Tokyo, Hiro Nakamura (Masi Oka) s'aperçoit avec une stupéfaction sans pareille qu'il est capable d'influer sur l'espace-temps. Peter Petrelli (Milo Ventimiglia) ressent d'étranges possibilités de lévitation. Niki Sanders (Ali Larter), qui survit péniblement en se prêtant à des strip-tease sur Internet, a l'impression qu'un être invisible se manifeste près d'elle. Isaac Mendez (Santiago Cabrera) est sujet à des visions prémonitoires qu'il traduit en peintures. Quant à Mohinder Suresh (Sendhil Ramamurthy), il découvre que les travaux non conformistes que son père, mort récemment, effectuait sur la génétique, intéressent des personnages dangereux... 
 
   L'idée de départ est bonne, sans être révolutionnaire. Selon les "Théosophes", les précurseurs de la future sixième race commencent à faire leur apparition dans le monde actuel (5ème race). Peut-être les "créatures" nées de l'imagination de Tim Kring ont-elles quelque parenté avec ces êtres de l'avenir. Les prémisses de l'aventure ne s'annoncent pas non plus sous un jour très engageant. Les présentations de ces personnalités hors du commun semblent tirer franchement, tant par le style que par le fond, vers le fantastique primaire, façon BD, et non vers une approche sensée, plus authentique, de véritables "pouvoirs" que développent, par exemple, certains Yogis. Il ne fait guère de doute, alors, que la suite lorgnera davantage du côté de "Spiderman", de "Superman", ou de la "Ligue des Gentlemen extraordinaires" que vers la poésie fantastique de "Starman". Le choix des acteurs est également un sujet d'étonnement. Sans attendre forcément des physiques ou des personnalités hors du "tout venant", il est tout de même surprenant de noter le peu de charisme de la plupart des intervenants, quelques exceptions mises à part (Mohinder Suresh, Noah Bennet (Jack Coleman) ou Nathan Petrelli (Adrian Pasdar) entre autres). Si les créateurs ont souhaité que nos "héros" ne diffèrent en rien de monsieur et madame "tout le monde" , ils ont parfaitement réussi leur entreprise. Heureusement, les créateurs ont eu le bon goût et l'intelligence de s'appesantir sur la "préparation" des futurs héros, sur leurs difficultés d'adaptation au monde des humains lambda, sur les souffrances endurées, les doutes permanents, ce qui donne aux diverses personnalités une présence psychologique indéniable, assez loin des robots primaires auxquels nous avons droit souvent dans ce genre d'entreprise.  
 
   Bien plus, l'immersion dans le monde de ces "sur-êtres" change assez rapidement la donne originelle. Au fur et à mesure que l'on entre dans leur quotidien, une alchimie subtile s'installe entre les composantes éparpillées, des interdépendances stupéfiantes se créent, et un tableau fascinant se dessine. C'est dans cette évolution complexe, dans la capacité de rendre cette mosaïque cohérente, que l'on reconnaît le génie des créateurs. Le monolithisme primitif des personnages se lézarde, l'infantilisme apparent se fendille, ouvrant la porte à des cataractes de revirements, à des abîmes d'ambiguïté, à une richesse narrative intarissable, tout en établissant une tension dramatique qui scotche le spectateur jusqu'à l'apocalypse finale (que l'on aurait souhaitée un poil plus excitante...).  
 
   Drôlerie (Hiro Nakamura !...), suspense, émotion, drame, fantastique, allers et retours dans le tissu temporel, angoisse, mystère, intimisme, absence totale de manichéisme primaire (quasiment tous les personnages recèlent une zone d'ombre plus ou moins étendue), toutes ces qualités et beaucoup d'autres sont au rendez-vous. Une réussite exceptionnelle.
   
Bernard Sellier