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Marius,
    1931, 
 
de : Alexandre  Korda, 
 
  avec : Raimu, Pierre Fresnay, Orane Demazis, Charpin,
 
Musique : Francis Gromon


   
Lire le poème ( CinéRime ) correspondant : ' Horizons lointains '

   
Est-il encore utile de résumer l'histoire de la "trilogie marseillaise" ? Quelques lignes suffiront. 
 
   César (Raimu) tient le bar de la Marine à Marseille avec l'aide de son fils Marius (Pierre Fresnay) qui ne pense qu'à partir en mer, loin du Vieux Port, ce que son père ignore. Mais la gentille Fanny, qui l'aime en secret, va tout tenter pour qu'il renonce à sa "folie". Tout, pas vraiment, puisqu'elle finira par se sacrifier afin qu'il réalise son rêve... 
 
   Cette première partie renferme des scènes mémorables qui sont dans toutes les mémoires. Chaque personnage apporte à l'ensemble sa part plus ou moins importante de miracle. Car c'est véritablement d'un miracle qu'il s'agit. Comment à partir de situations simplistes, de dialogues presque banals, d'une mise en scène minimaliste, peut-il surgir un tissu de bonheurs, de souffrances qui défient le temps et les modes ? 
 
   Certaines critiques ont visé divers interprètes. Pierre Fresnay n'était, je crois, pas vraiment Marseillais ! Orane Demazis possède une diction et un ton qui surprennent au premier abord. C'est sans doute incontestable. Mais il s'agit probablement du seul film (avec ses suites) pour lequel il me semble tout à fait impossible d'imaginer d'autres artistes. Même si l'on peut ergoter sur tel ou tel point d'interprétation ou de cabotinage raimusien, l'adéquation entre personnages et interprètes est telle que concevoir d'autres visages, d'autres voix reviendrait à intégrer dans sa famille des parents étrangers à la place de ses géniteurs ! 
 
   Quel exploit, tout de même, que soixante et onze ans après sa réalisation, ce film déclenche encore, à la dixième vision, les éclats de rire et les larmes. Là aussi est le miracle. A partir d'une histoire simple, universelle bien que fort typée, Pagnol a su faire vibrer les coeurs de plusieurs générations sans que la mode ridiculise son oeuvre. Quand on constate que des films tournés dans les années 80 nous paraissent complètement déphasés et "ringards", on ne peut qu'être admiratif devant cette réussite magistrale. 
 
   Un souhait tout de même : que "Marius" et ses suites bénéficient d'une restauration correcte et nous soient livrés en DVD avec un son audible ! Les diffusions télé constituaient des épreuves pénibles, en raison de la qualité plus que médiocre des dialogues. 
 
   Deux heures de bonheur.
   
Bernard Sellier