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Un mauvais fils,
     1980, 
 
de : Claude  Sautet, 
 
  avec : Patrick Dewaere, Yves Robert, Brigitte Fossey, Claire Maurier, Jacques Dufilho, Etienne Chicot,
 
Musique : Philippe Sarde

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Bruno Calgagni (Patrick Dewaere) arrive à Paris après avoir purgé six ans de prison aux Etats-Unis pour trafic de drogue. Il reprend contact avec son père, René (Yves Robert), veuf depuis quelques années. Bruno trouve un petit boulot, mais les relations avec son père sont plus que difficiles...

    Il est marrant de revoir quarante ans après les films de Claude Sautet pour une raison qui n'est pas vraiment artistique. Qu'est-ce que ça fume ! Sans arrêt. Dès qu'un personnage apparaît à l'écran, il allume une clope. Tout le monde fume. En parlant, en se promenant, en buvant, peut-être même en baisant, même si le spectateur n'a pas l'occasion de le vérifier. C'est impressionnant. On a l'impression qu'il est impossible à un protagoniste d'avoir un comportement autre que celui de sortir son paquet de cigarettes ! Les temps ont bien changé. Mais, trève de plaisanteries, c'est toujours un plaisir de revoir Patrick Dewaere, de partager sa sensibilité exacerbée. 

   Que dire du film lui-même ? Nous sommes dans du pur Sautet avec sa capacité d'installer une atmosphère en quelque plans, ses acteurs éclatants de naturel (Dewaere et Yves Robert, bien sûr, mais aussi Jacques Dufilho impressionnant en libraire mélomane homosexuel, ainsi que la lumineuse Brigitte Fossey). Mais nous sommes aussi d'une certaine manière à l'opposé des éclats brillants de «Vincent, François, Paul et les autres». L'observation sociétale est ici quasiment absente, tandis que l'intimisme et la sensibilité sont la règle, avec le parcours douloureux de cinq êtres en quête de leur identité, de leur place dans la vie. Dans les faits, l'énergie vitale fait cruellement défaut, tant les personnages, dépourvus de racines solides, sont enfermés dans les non-dits, les refoulements inconscients dont ils sont victimes. Si l'on excepte deux ou trois moments forts, tout le récit est composé de l'observation d'existences quotidiennes sans éclat, faites de petites joies qui alternent avec quelques coups bas du destin. Les plans silencieux sont nombreux, et ce sont les regards lourds de sens, les expressions des visages qui racontent ce que les protagonistes sont incapables de dire. Quant au dénouement - le terme est d'ailleurs impropre -, il est à l'image des personnages : indécis, flou, évasif.
   
Bernard Sellier