Mensonges, saison 1, série de Lionel Bailliu, commentaire

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Mensonges,
      Saison 1,      2021,  
 
de : Lionel  Bailliu..., 
 
  avec : Audrey Fleurot, Arnaud Ducret, Alice David, Jean-Stan Du Pac, Lionnel Astier, Amaury de Crayencour, Olivia Côte,
 
Musique : Laurent Juillet


   
Ne pas lire avant d'avoir vu la série

   
Jeanne Sarlat (Audrey Fleurot), professeure de philo à Collioure, est séparée de Sébastien Fiorelli (Amaury de Crayencour) depuis trois mois. Elle est invitée à dîner par le père de l'un de ses élèves, Lucas (Jean-Stan Du Pac). Il s'agit d'un chirurgien renommé, Thomas Villeneuve (Arnaud Ducret), veuf depuis six ans. La soirée se passe à merveille, mais, au matin, la jeune femme, victime d'un trou noir, est sûre d'avoir été violée...
 
   Il y a deux principales manières d'entamer une série. Celle qui entre dans l'histoire de manière naturelle, comme si la caméra arrivait inopinément dans un ensemble de vies, avec pour conséquence le fait que, les personnages étant inconnus du spectateur, il va falloir à celui-ci un temps d'adaptation plus ou moins long pour comprendre qui est qui et quels sont les enjeux. C'est le choix par exemple du récent «One lane bridge», qui se montre assez nébuleux dans son ouverture. Et puis il y a la manière choisie ici par les scénaristes, que l'on pourrait qualifier de simpliste. C'est-à-dire que les dialogues cherchent à accumuler le plus d'informations possibles sur les protagonistes dans le plus court laps de temps possible. L'avantage est que le spectateur connaît immédiatement avec clarté la situation de chaque individualité, les grandes marques de son passé et sa relation aux autres. L'inconvénient, c'est que, pour obtenir ce résultat, les premiers échanges ne sont pas d'un naturel époustouflant. Mais ce n'est pas trop handicapant dans le cas présent, car, une fois passée cette ouverture informative, la trame dramatique s'installe rapidement et fait oublier aisément l'artificialité des présentations.

    Le drame se divise en deux parties bien distinctes. Dans les deux premiers épisodes, c'est le doute qui est au coeur du récit. Jeanne est-elle une victime ou une affabulatrice au psychisme dérangé ? Cette thématique aurait pu être développée tout au long de la série. Mais les scénaristes ont effectué un autre choix. Dès le début du troisième épisode, le spectateur sait à quoi s'en tenir. Dès lors, c'est une intrigue à la «Columbo» qui se développe. Le coupable et sa méthode sont connus. Le but à atteindre est alors de savoir par quel moyen il parviendra à être confondu. On pourrait penser que la tension dramatique et le suspense auraient gagné en intensité si le premier choix avait été adopté. Dans les faits, il n'en est rien. Aucun regret ne vient ternir le pouvoir envoûtant de cette histoire sombrissime. Non seulement parce que l'évolution dramatique gagne progressivement en intensité, mais aussi parce que le trio Audrey Fleurot, Arnaud Ducret aussi charmeur qu'inquiétant, et Alice David, se montre particulièrement convaincant. Mais les seconds rôles ne sont pas moins riches. C'est le cas en particulier de Vanessa Comolet (Anne Azoulay), l'avocate, de Lucas (Jean-Stan Du Pac), de Sébastien, de Nanou (Arielle Sémenoff), la mère protectrice. Tous occupent une place majeure dans le déroulement des évènements. Les relations intra familiales et celles qui lient les destins des principaux personnages sont étudiées avec justesse. Si la réalisation s'était montrée moins classique, la série aurait mérité six étoiles.   
   
Bernard Sellier