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Minority report,
       2002, 
 
de : Steven  Spielberg, 
 
  avec : Tom Cruise, Colin Farrell, Steve Harris, Max von Sydow, Samantha Morton, Lois Smith,
 
Musique : John Williams

  
   
2054. Dans une grande cité américaine, la société "Précrime" est spécialisée dans la prévision et la prévention des crimes. Trois précognitifs, deux jumeaux et une certaine Agatha ( Samantha Morton) sont plongés dans une sorte de catalepsie et reçoivent la date précise et les images mentales de futurs meurtres. L'enregistrement de ces visions est faite et les forces de police peuvent intervenir à temps pour sauver les "victimes" potentielles et incarcérer les "coupables". John Anderton (Tom Cruise), dont le fils a été kidnappé et tué six ans auparavant, est l'un des principaux responsables de ce service, dirigé par Lamarr Burgess (Max von Sydow). Il est séparé de sa femme Lara (Kathryn Morris) qui n'a pu supporter le deuil. Un jour, John voit dans une des précognitions d'Agatha qu'il est le futur meurtrier d'un certain Leo Crow (Mike Binder) dont il n'a jamais entendu parler. Il doit fuir les forces de polices et cherche à comprendre ce mystère. Pendant ce temps, Danny Witwer, un agent spécial du Ministère de la Justice, effectue une enquête interne sur "Précrime", qui ambitionne de devenir nationale. 
 
   Steven Spielberg est, à n'en pas douter, un maître dans l'art d'envoûter le spectateur. Un an après le déconcertant "A.I.", cette oeuvre hautement originale, tant par le fond que par la forme, soulève avec subtilité et tout au long d'une intrigue qui devient de plus en plus passionnante au fur et à mesure qu'elle développe des méandres imprévisibles, nombre de questions aussi bien éthique que scientifiques ou métaphysiques. 
 
   A vrai dire, la première moitié du film est assez déconcertante et j'avoue avoir éprouvé une certaine difficulté à entrer dans cet univers cauchemardesque où tout semble robotisé, normalisé, gris et glacial. De plus, le réalisateur assène, autour d'une intrigue qui se laisse difficilement appréhender, une avalanche d'images hachées, de visions floues, d'hologrammes, de perceptions extra-sensorielles qui noient le spectateur sous un flot agressif et hypnotisant. Les personnages sont à l'image de ce monde futuriste : froids, comme vidés d'émotion et d'âme. 
 
   Puis, petit à petit, après une course poursuite démentielle dans laquelle explose tout le génie visuel et rythmique de Spielberg, l'humanité des êtres réapparaît. Sans perdre vraiment l'aspect novateur et stupéfiant de la première partie, on gagne en compréhension et, dès lors, le spectateur peut, sinon participer, du moins vibrer avec la folle quête de John. Et par la magie d'un retournement de situation spectaculaire, qui met en lumière l'éventuelle possibilité de changer un futur connu et celle d'un hypothétique libre-arbitre de l'humain, alors que l'on pouvait légitimement attendre le mot "fin", le réalisateur nous fait replonger d'un coup dans les méandres d'une machination apocalyptique et totalement inattendue. 
 
   C'est, sans conteste, du grand art. Et, si l'implication dans cette passionnante aventure demande attention et constance, on en sort grandement récompensé et profondément marqué par ce drame futuriste merveilleusement inséré dans ces décors gris acier qui glacent le sang tout autant que les péripéties elles-mêmes !
   
Bernard Sellier