Moloch, saison 1, serie de Arnaud Malherbe, commentaire

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Moloch,
     Saison 1,      2020,  
 
de : Arnaud  Malherbe, 
 
  avec : Olivier Gourmet, Marina Vacth, Marc Zinga, Arnaud Valois, Alice Verset,
 
Musique : Flemming Nordkrog


 
Ne pas lire avant d'avoir vu la série.

 
Nicolas, un jeune banquier, entre soudain en combustion spontanée et meurt. Quelques jours plus tard, une jeune mère de famille subit le même sort sous les yeux de son fils Paul. Louise (Marina Vacth) jeune stagiaire de presse est intriguée par ces mystères. Elle se rapproche de Tom (Arnaud Valois), un des flics chargés de l'enquête et de Gabriel, le psychiatre qui suivait Nicolas...

 C'est fou comme il est parfois aisé d'avoir la confirmation, dès le premier quart d'heure, que l'on visionne  une série française. Avec ce que cela implique de facilités, de décors minimalistes et neutres, d'échanges basiques, d'artificialité dans les mises en situations et les relations, et, accessoirement, de mauvaise audition des dialogues. Disons-le tout de suite, Olivier Gourmet et Marina Vacth, très impliqués, ne sont pas en cause, même si l'écriture de leurs personnages laisse perplexe.

 A priori, le sujet de la combustion spontanée est captivant. Diverses théories ont été avancées pour tenter d'expliquer ce phénomène de manière scientifique. Il en est une qui est rarement mentionnée et qui fait référence à un éveil accidentel et violent de la Kundalini, ce "feu du serpent" qui est lové dans le chakra 1, et provoquerait une combustion interne du corps. Tous ceux qui sont intéressés par l'ésotérisme savent que tout travail sur cette énergie très puissante nécessite prudence et connaissances profondes des dangers potentiels.

 En fait, dans un premier temps, la dispersion du récit ne donne aucun indice au spectateur sur la direction que va prendre le drame, sinon ce que l'on peut trouver sur Internet concernant le dieu antique Moloch. La caractérisation des personnages est superficielle, donnant même parfois à certaines scènes (la rencontre de Louise et de ses parents...) un côté rocambolesque, voire risible. Les flics, conduits par Tom, affichent de leur côté une crédibilité plus que douteuse (Tom donne son mot de passe à une fille qu'il connaît depuis deux jours...). Nous sommes dans l'exact opposé de l'atmosphère tendue, réaliste et solide des polars nordiques. Ici les enquêteurs passent les trois quarts de leur temps à glander ou à être absents, on fume autant que dans les anciens films de Sautet dans les années 70, une musique branchée s'invite régulièrement histoire de capter les djeuns, et les lenteurs de certaines scènes intimistes n'installent pas l'intensité et la profondeur espérées. Mais surtout, il y a une telle masse d'invraisemblances que le côté artificiel saborde progressivement les tentatives méritoires de créer une atmosphère sombre susceptible d'empoigner le spectateur pour le faire plonger dans l'horreur qui est à la base de l'histoire. Certes, une poignée de moments de grâce surnagent, par exemple la scène de l'épisode 5 accompagnée par la sublime musique d'Astor Piazzola "Oblivion", ou encore la dernière scène. Pourtant, globalement, malgré quelques idées intéressantes, cette fable d'un petit chaperon rouge façon "Dexter" inflammatoire peine à provoquer l'enthousiasme.
   
Bernard Sellier