Mort sur le Nil, film de John Guillermin, commentaire

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Mort sur le Nil,
    (Death on the Nile),      1978, 
 
de : John  Guillermin, 
 
  avec : Peter Ustinov, Mia Farrow, Angela Lansbury, David Niven, Jon Finch, Olivia Hussey, Bette Davis, Lois Chiles, 
 
Musique : Nino Rota

   
 
Jackie de Bellefort (Mia Farrow) présente son fiancé Simon Doyle (Simon MacCorkindale) à son amie, la richissime Linnet Ridgeway (Lois Chiles). Quelques semaines plus tard, Linnet et Simon se marient et partent en voyage de noces en Egypte. Jackie, furieuse, les suit et manifeste sa jalousie de manière voaynte...
   
 Un grand classique dans les aventures cinématographiques d'Hercule Poirot (Peter Ustinov), qui suit scrupuleusement les codes du genre, à savoir la mise en place des personnalités, les enjeux, le meurtre et, bien évidemment, la mise en accusation du coupable grâce au flair du génial détective. L'intérêt du genre «whodunit» réside essentiellement dans le processus de l'enquête, car, une fois la solution connue, le film perd beaucoup de son intérêt pour une éventuelle nouvelle vision. Lorsque le spectateur découvre l'oeuvre pour la première fois, il ne peut qu'être subjugué par la distribution éclatante qui participe à ce jeu de piste mortel. Une quinzaine d'artistes de premier plan se sont donné rendez-vous. Chacune de ces figures est caricaturée de manière excitante, de la fragile et acrimonieuse Jackie jusqu'à l'inénarrable auteure Salome Otterbourne (Angela Lansbury), en passant par le sulfureux docteur Ludwig Bessner (Jack Warden), le rigide colonel Race (David Niven), ou encore l'avocat véreux Andrew Pennington (George Kennedy).

 Mais au-delà de ces marionnettes souvent excitantes, et de certains paysages superbes (le temple de Karnak, par exemple), c'est la résolution du mystère qui doit concentrer l'attention. Or, dans ce registre, force est de constater que l'enthousiasme est plus mesuré. L'enquête de Poirot suit deux axes. Le premier consiste à faire défiler les protagonistes tandis que les images installent chacun d'eux dans une possibilité de culpabilité, ce qui se révèle à la fois un peu lassant et prosaïque. Puis, dans un basculement brusque, le second axe surgit avec, cette fois-ci, la mise en lumière de la réalité. Quatre décennies après la sortie du film, et après avoir ingurgité les nombreuses cogitations de Columbo (qui a commencé à promener son imper en 1971), cette enquête d'Hercule paraît bien artificielle et assénée de manière très scénarisée. Le dénouement est certes brutal et surprenant, mais, dans ce registre des «whodunit», on préfèrera nettement le récent «À couteaux tirés», qui a réussi à renouveler de manière convaincante un genre très limité par nature.
   
Bernard Sellier