Mother!, film de Darren Aronofsky, commentaire

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Mother !,
     2017,  
 
de : Darren  Aronofsky, 
 
  avec : Jennifer Lawrence, Javier Bardem, Ed Harris, Michelle Pfeiffer, Brian Gleeson, Domhnall Gleeson, Eric Davis,
 
Musique : Johann Johannson


 
Ne pas lire avant d'avoir vu le film

 
Un écrivain en panne d'inspiration (Javier Bardem) retape avec sa compagne (Jennifer Lawrence) la grande maison dans laquelle il a passé son enfance. Un jour, un soi-disant chirurgien (Ed Harris) frappe à la porte. Il est accueilli par le couple. Bientôt c'est son épouse (Michelle Pfeiffer) qui se présente... 
 
 Le film commence de manière traditionnelle avec l'incursion d'un inconnu bizarre dans le cocon d'un jeune couple. Comme les relations commencent à se tendre progressivement, avec l'arrivée tonitruante de l'épouse du médecin, il semble probable que l'on se dirige soit vers un drame psychologique classique, soit vers une plongée dans un versant criminel de la confrontation. Le doute commence à s'installer lorsque déboulent également les deux fils du couple intrusif, mais c'est surtout l'attitude de l'écrivain qui commence à instiller de sérieuses appréhensions. 
 
 Plus le récit avance, plus le spectateur peut se sentir déconcerté. Dans cette intrusion manifestement traumatisante, l'écrivain considère que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Nous sommes un peu dans la situation inverse de 'Misery'. Alors que Paul Sheldon, psychologiquement solide, se voyait torturé par une fan très atteinte, c'est ici l'auteur qui dérive progressivement dans un délire tandis que son admirateur forcené semble l'homme le plus normal du monde. 
 
 Puis, pour couronner l'insolite et le bizarroïde qui envahissent l'histoire, nous avons droit à une resucée du meurtre d'Abel par Caïn, précédant un dénouement qui convoque, dans une hystérie collective, le souvenir de 'Rosemary's baby'. Le problème est que ce grand foutoir intello-psychologico-symbolique, qui se vautre dans le sang, se vautre également dans le grotesque, amoncelant des instants qui se veulent dramatiques mais donnent surtout envie de pouffer ! Ce qui ne donne nullement envie de se pencher sur les parallèles fumeux entre la création, la maternité, la fécondation, l'affirmation de soi qui sont certainement à la base de la conception de cette oeuvre aux obsessions tortueuses.
   
Bernard Sellier