Ne te retourne pas, film de Marina de Van, commentaire

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Ne te retourne pas,
     2009,  
 
de : Marina  de Van, 
 
  avec : Sophie Marceau, Monica Bellucci, Andrea Di Stefano, Thierry Neuvic, Brigitte Catillon, Sylvie Granotier, Thais Fischer, Didier Flamand,
 
Musique : Luc Rollinger


   
Jeanne (Sophie Marceau) est mère de deux enfants, Jérémie et Lea, vit avec Theo (Andrea Di Stefano) et écrit des ouvrages biographiques dans lesquels elle excelle. En revanche, le roman qu'elle a transmis à son éditeur, Robert (Didier Flamand), est jugé par lui très mauvais. Elle y explore des émotions et des sensations qui lui manquent cruellement, car elle n'a aucun souvenir de sa prime enfance. Lorsqu'elle rentre chez elle, il lui semble que des détails matériels ont changé. Peu à peu, ce sont les personnes qui l'entourent et même sa propre preception d'elle-même qui lui semblent se métamorphoser graduellement... 
 
   L'intrigue débute de manière classique mais efficace. Les troubles sensoriels, les hallucinations inexplicables, les perturbations psychiques, même rabâchées, produisent toujours leur effet sur le spectateur. Il est captivé, cherche une ou des clés, attend avec impatience la prochaine aberration, bref, il entre coeur et âme dans le désordre mental de cette jolie femme désemparée. Le problème est que le créateur ne peut pas indéfiniment développer les troubles, afficher l'angoisse qui submerge la victime, installer des séquences mystérieuses, jusqu'à la fin de l'oeuvre. Il lui faut bien à un moment donné quitter le suggéré, l'interrogatif, pour plonger dans le noeud gordien et le trancher. C'est dans cet équilibre particulièrement périlleux qu'avait excellé M. Night Shyamalan ("Sixième sens"), sans jamais, d'ailleurs, renouveler par la suite sa réussite. Dans le cas présent, il faut attendre longtemps, très longtemps, pour commencer à voir pointer une explication dont le moins que l'on puisse dire est qu'elle se révèle lourde. Effet secondaire plus encore regrettable, cette pesanteur colore de manière très négative l'amas des scènes précédentes. Jusqu'alors, elles affichaient une efficacité assez flippante, dessinaient des pièces de puzzle alléchantes. Mais elles développent d'un coup leur aspect préfabriqué et artificiel. Si les effets spéciaux sont globalement réussis (un plan présente en particulier un troisième troublant personnage qui est une sorte de synthèse de Monica et de Sophie), la lenteur excessive du récit, l'accumulation des manifestations traumatisantes, des personnages masculins effacés, et, il faut le dire, une histoire qui joue les manipulatrices assez grossièrement, font que l'on a beaucoup de mal à entrer dans cet imbroglio élégant mais maladroit.
   
Bernard Sellier