Négociateur, film de F.Gary Gray, commentaire

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Négociateur,
        (The negociator),       1998, 
 
de : F. Gary  Gray, 
 
  avec : Kevin Spacey, Samuel L. Jackson, David Morse, John Spencer, J.T. Walsh, Ron Rifkin,
 
Musique : Graeme Revell

   
 
Le lieutenant de police Danny Roman (Samuel L. Jackson) est un as dans les négociations menées avec les preneurs d'otages. Une dernière mission lui assure la célébrité. Mais, un soir, son collègue Nathan Roenick (Paul Guilfoyle), qui lui avait fait part, quelques heures plus tôt, de ses soupçons sur l'origine du détournement de deux millions de dollars au détriment de la caisse d'invalidité, est assassiné presque sous ses yeux. Une perquisition à son domicile fait découvrir des comptes en banque à l'étranger. Sur le point d'être inculpé de meurtre, il prend en otage plusieurs personnes, dont l'inspecteur Terence Niebaum (J.T. Walsh), qu'il soupçonne d'être à l'origine du vol, et demande la présence de Chris Sabian (Kevin Spacey) comme seul interlocuteur... 
 
 Un spécialiste des pourparlers lors des prises d'otage qui connaît par coeur toutes les ficelles du métier, qui se place lui-même dans cette situation, alors qu'il est accusé des plus graves méfaits, qui n'entrevoit plus d'autre solution que la course à l'abîme et choisit, pour tenter de s'en sortir un collègue aussi expérimenté que lui... Le scénariste n'a pas lésiné sur les fondations, choisissant judicieusement les atouts les plus puissants pour bâtir une aventure épique. Les confrontations protéiformes entre les différentes composantes : le solitaire traqué, les otages parmi lesquels se trouve peut-être celui qui possède la clé de l'énigme, les forces de police au sein desquelles se dissimulent sans doute des assassins, le FBI qui cherche à prendre en main la situation, et, bien sûr, ce négociateur énigmatique, qui semble user de méthodes étranges... toutes se déroulent presque entièrement dans un espace clos, rappelant beaucoup celui de "Piège de cristal". Mais, si F. Gary Gray n'utilise pas l'espace de ce building d'une manière aussi exemplaire, sur le plan action, que John McTiernan, puisque tel n'est pas son propos majeur, il incorpore à la trame dramatique une composante psychologique majeure qui faisait presque totalement défaut au récit de son collègue.  
 
 Jeux dangereux de la suggestion, abîmes de doutes, lent cheminement vers la confiance, sans oublier une tension dramatique qui ne fait que s'amplifier de minute en minute au fur et à mesure que l'issue fatale approche, sont autant d'éléments qui font de ce film une merveille de rythme, d'efficacité et d'intelligence. Les deux tempéraments de premier plan, servis magistralement par Samuel Jackson et Kevin Spacey, sont sertis dans un écrin particulièrement vivant, car tous les personnages, même de seconde importance, sont cernés avec une acuité pénétrante, et participent grandement à l'authenticité de la tragédie.  
 
 La preuve exemplaire qu'il n'est nul besoin d'une intrigue complexe pour donner naissance à un film fascinant.
   
Bernard Sellier