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Night call,
     (Nightcrawler),      2014, 
 
de : Dan  Gilroy, 
 
  avec : Jake Gyllenhaal, Bill Paxton, Bill Seward, Michael Papajohn, Sharon Tay, Pat Harvey, Rene Russo,
 
Musique : James Newton Howard

   
   
Louis Bloom (Jake Gyllenhaal) vit de menus chapardages. Jusqu'au jour où, témoin d'un accident sur l'autoroute, il découvre le pouvoir des journalistes qui arrivent les premiers sur les drames et vendent leurs vidéos aux chaînes locales. Dès lors, il n'a plus qu'un but : devenir le meilleur dans ce domaine... 
 
   Et tous les moyens seront bons pour réaliser ce rêve. Dan Gilroy, réalisateur et scénariste, n'y va pas par quatre chemins pour dénoncer et condamner sans ambiguïté ces pourvoyeurs ignobles. La mise en scène n'a rien de particulièrement original et ne laisse pas de souvenir marquant. En revanche, le créateur empile toutes ses grenades dans la caractérisation de ses deux personnages principaux, avec, au premier plan, l'abject Louis. Complètement déshumanisé, tour à tour mielleux et manipulateur, Jake Gyllenhaal livre une composition glaçante de ce monstre fondamentalement vicieux, retors et pourri jusqu'à l'os. Pour lui, un drame intime (que ce soit un accident, un meurtre...) se résume à une gestion efficace des parcours routiers pour arriver le premier sur les lieux, à un respect des recettes efficaces afin de développer son business, à une suite de plans bien cadrés, et à une négociation rigoureuse de la valeur de ceux-ci. Livrée comme cela, la recette peut sembler un brin caricaturale. Tout comme pouvait l'être, en son temps, il y a trois décennies, la vision cauchemardesque des futures télé réalités que nous offrait Yves Boisset dans "Le prix du danger". Ces deux visions noires d'un monde putride prêt à toutes les bassesses pour cultiver l'audimat, sont-elles vraiment si loin de la réalité que cela ? Pour l'anecdote, il est d'ailleurs amusant de constater une certaine similitude entre les protagonistes des deux oeuvres. Le personnage de Rene Russo évoque largement celui de Marie-France Pisier, tandis que Jake Gyllenhaal affiche parfois, lors de certains plans, une troublante ressemblance avec Gérard Lanvien. 
 
   Peut-être aurait-il été envisageable de nuancer davantage les personnalités de Louis et de Nina Romina. Histoire de ne pas exposer un manichéisme excessif. Toujours est-il que, tel quel, le film est une claque magistrale qui glace le sang.
   
Bernard Sellier