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Les noces rebelles,
     (Revolutionary road),      2008, 
 
de : Sam  Mendes, 
 
  avec : Leonardo DiCaprio, Kate Winslet, Kathy Bates, Michael Shannon, Dylan Baker, Richard Easton, David Harbour,
 
Musique : Thomas Newman


   
1955. Frank Wheeler (Leonardo DiCaprio) a fait la connaissance de la jolie April (Kate Winslet) et l'a épousée. Deux enfants sont nés. Mais au bout de quelques années, le jeune homme s'étiole dans un travail de bureau pour lequel il ne se sent aucune attirance, la jeune femme déprime à la suite de l'échec de la pièce dans laquelle elle joue, et le couple prend l'eau de toutes parts. C'est alors qu'April décide qu'ils vont s'expatrier à Paris et commencer une nouvelle vie... 
 
   Le célèbre tandem de "Titanic" se retrouve ici, mûri, tel qu'il aurait pu évoluer si le drame du navire n'avait mis fin prématurément à l'idylle naissante, et surtout sournoisement gangrené de l'intérieur par une succession de luttes internes entre l'inconscient et l'ego de chaque partenaire. Dans ce drame le plus souvent feutré, bonheur et harmonie n'ont quasiment pas droit de cité. La rencontre entre les deux jeunes gens tient en une séquence placée sous le signe de la superficialité. Toute la suite n'est que lente désagrégation d'une union bâtie sur des fondations aussi fragiles que faussées originellement. Kate Winslet, superbement émouvante d'enthousiasme, de fragilité, puis de détresse, aspire à une ouverture de sa vie vers l'inconnu, un ailleurs qu'elle imagine radieux. Leonardo DiCaprio, oscillant entre lâcheté, faiblesse, égoïsme et amour, épouse les contorsions psychologiques de son personnage avec une subtilité magistrale. Les rancoeurs, les violences jaillissent des mots, des gestes, mais aussi, souvent des silences méprisants, des non-dits mortifères. L'étude de cette lente descente aux enfers est fine, empreinte d'une sensibilité fébrile, frémissante. Dommage que l'impact émotionnel soit quelque peu limité par la faute d'un manque de souffle, de lenteurs ponctuelles qui provoquent alors un décrochement de l'empathie. Il n'empêche que cette étude sur les poussées maladroites et mal gérées de l'être intérieur, sur la difficile découverte de la véritable mission que l'on a choisie en s'incarnant, se révèle passionnante et profondément vécue par les deux acteurs.
   
Bernard Sellier