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Nous étions soldats,
     (We were soldiers),        2002, 
 
de : Randall  Wallace, 
 
  avec : Mel Gibson, Madeleine Stowe, Greg Kinnear, Sam Elliott, Chris Klein, Keri Russell, Barry Pepper,
 
Musique : Nick Glennie-Smith

   
   
14 Novembre 1965. Les 400 hommes du Lieutenant Colonel Hal Moore (Mel Gibson), fraîchement arrivés au Vietnam, reçoivent pour mission de poursuivre un commando Vietcong. Ils se retrouvent pris au piège par plusieurs milliers d'adversaires qui les harcèleront pendant trois jours. Pendant ce temps, aux Etats-Unis, les épouses, les mères reçoivent les télégrammes fatidiques... 
 
  On comprend, à la vue de ce récit d'une boucherie sans nom, que les Américains n'en finissent plus de ruminer cette guerre lointaine et, à bien des égards, incompréhensible pour beaucoup d'entre eux. C'est d'ailleurs l'une des rares phrases prononcées par le reporter Joe Galloway (Barry Pepper) : son choix d'être plus utile en tant que journaliste pour expliquer ce conflit à son pays. Mais quels sont les mots qui peuvent accompagner, expliciter, justifier ces atrocités ? Quel peut être, d'ailleurs le but d'un tel film, après les monuments que sont et resteront, dans des genres totalement différents, "Le jour le plus long", "Il faut sauver le soldat Ryan", "La ligne rouge" ou encore "Voyage au bout de l'enfer", sans doute le plus sublime de tous, si l'on peut utiliser un tel qualificatif pour l'abomination qu'il décrit.  
 
   Randall Wallace fait bien son travail. Si l'on fait abstraction de la première partie, consacrée à la formation des soldats et à quelques scènes intimistes, d'ailleurs sobres et d'une décence notable, le réalisme de l'horreur est à chaque plan. Sauvagerie des combats, hurlements des blessés, explosions, giclées de sang... Les deux dernières décennies nous ont abreuvé de ces images parfois insoutenables qui signent l'aberration mentale de la race humaine. Un hommage à ceux qui appartenaient à l'unité du colonel Moore, auteur du livre dont est tiré le film, qui n'ont jamais revu leur pays et dont les noms sont cités au début du générique de fin ? Un hommage de plus ? Pourquoi pas... Ils se sont sans doute réincarnés depuis bien longtemps et n'ont plus guère de souvenirs conscients de ce qu'ils ont vécu là. Espérons-le, du moins ! Hommage à leurs familles encore vivantes ? Peut-être. Il n'en reste pas moins que ce type d'oeuvre, qui ne transcende jamais les codes du parcours balisé de son genre (entraînement, fêtes avant départ, réflexions, prières, discours patriotique, même retenu), comme a réussi à le faire, par exemple, Michael Cimino, s'adresse avant tout à ceux qui recèlent en eux un esprit de guerrier. Ou alors, à tous les naïfs qui pensent qu'en montrant l'ignominie de la violence, on contribue à provoquer sa décroissance. C'est là une conception contraire à l'évidence, au fonctionnement naturel de la nature de l'univers. Il est impossible de lutter contre l'ombre en montrant ce qu'elle est. Le seul moyen est d'y introduire la lumière.  
 
   Un film dur, éprouvant, mené par un Mel Gibson tout à fait crédible, soutenu par une musique, étrange, à l'intensité prenante, mais dont l'utilité me semble bien nébuleuse...
   
Bernard Sellier