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Nous ne vieillirons pas ensemble,
     1972, 
 
de : Maurice  Pialat, 
 
  avec : Marlène Jobert, Jean Yanne, Christine Fabrega, Maurice Risch, Macha Méril, Muse Dalbray,
 
Musique : --


   
Jean (Jean Yanne) est marié avec Françoise (Macha Meril), dont les longues absences professionnelles lui permettent de mener une double vie en compagnie de Catherine (Marlène Jobert). Mais l'entente entre les deux amants est bien loin d'être cordiale... 
 
   Trois ans après "Que la bête meure", Jean Yanne retrouve ici le rôle d'une brute épaisse dont le psychisme, totalement perturbé, ne peut traduire ses émotions que par l'ironie cinglante, les insultes ou les coups. L'acteur affirmait qu'il s'était senti fort mal dans le rôle que lui avait attribué Pialat, mais il est indéniable que cette incarnation lui sied à merveille. Le réalisateur évite soigneusement toute introspection profonde, toute analyse psychologique. Il se contente de travailler la matière brute des échanges, à travers de courtes scènes prosaÎques, sèches, répétitives, qui affichent, avec une évidence spontanée, le mécanisme de dépendance de la victime envers son bourreau. Soudoiement, culpabilisation, apitoiement, dénigrement, menaces, atermoiements, chantage... Toute la panoplie des dispositifs inhérents à une relation pathologique sont présents. Incapable d'être en contact avec son être profond, gorgé de joie simple (elle laissera percer cet aspect d'elle-même à la toute fin du film), Catherine flotte au gré des événements comme une marionnette sans fil directeur. Dans cette histoire d'amour, qui ne présente aucune des caractéristique ou qualités de l'amour, les deux protagonistes souffrent, sont perdants, et cependant se révèlent incapables de quitter la ronde infernale dans laquelle ils croupissent. 
 
   Une œuvre sombre, oppressante, qui distille à petites doses un malaise et une tristesse permanents.
   
Bernard Sellier